Avec Yveline, c’est une nouvelle idée de la mode « responsable » valorisant le savoir-faire artisanal et sélectionnant des lieux de production bénéficiant de normes agrées.
Bonjour, Yveline ! Qui es-tu ?
Je suis née à Versailles. J’ai 58 ans. Je suis la créatrice de la marque Vapeur d’O et j’adore mon métier. J’adore aussi les voyages, les rencontres, le partage. La photo et l’art sous toutes ses formes.
Tu vis à Amsterdam, est-ce ta première expérience à l’étranger ?
Non, j’ai vécu en Asie par bribes de 2 à 3 mois par an durant 25 ans : Inde, Chine, Hong-Kong, Taiwan.
Depuis 6 ans, je vis à Amsterdam ouest, dans le quartier Baarjes.
Il y a deux raisons principales qui peuvent vous faire quitter notre pays : pour un « pur » job ou par amour. Dans mon cas, j’ai rejoint mon compagnon Néerlandais en 2012 à l’âge de 52 ans….Sans regarder derrière moi !
Durant ces années, qu’est-ce qui t’a étonné, plu dans l’art de vivre néerlandais ?
Une très grande décontraction et la simplicité dans les rapports aux autres, que ce soit des échanges personnels ou professionnels.. Une communication directe qui va droit au but ; c’est parfois déroutant au départ mais au final cela fait gagner beaucoup de temps.
Dans les rapports professionnels, l’horizontalité dans les rapports professionnels permet plus d’égalité et d’efficacité ; leur rapport au travail décomplexé ; la réactivité de leurs » feedback » ! La présentation de ton produit ou projet doit être faite de façon claire et sans détours. Les compliments ou critiques sont exprimés de manière franche et directe. A toi de faire avec! Ce qui étonnant aussi c’est cette culture du consensus. Très loin du modèle Français.
Tu as créé ta propre activité en tant qu’« expat preneuse » ; sur quel concept ?
C’est un processus de maturation qui s’est fait sur plusieurs années. Vapeur d’ O est née d’un désir d’allier la mode et l’éthique sociale. Il s’adresse à une femme “accro de la mode”, souhaitant marquer son engagement solidaire.
Pendant 25 ans environ, j’ai développé en Asie des collections de « Prêt à porter Femme haut de gamme » pour des marques Françaises renommées. Cela m’a permis aussi de faire beaucoup de « sourcing » et d’audits d’usines.
J’ai toujours eu beaucoup de respect pour les fournisseurs avec lesquels je travaillais, mais certains de mes employeurs n’étaient pas aussi scrupuleux que moi. J’ai pris conscience, il y a 8 ans que la production textile devait être « responsable » et c’est ainsi que j’ai lancé ma marque…
Je privilégie et valorise le savoir-faire artisanal et sélectionne uniquement des lieux de production bénéficiant de normes agrées.
Quelle a été ta démarche de création en arrivant aux Pays-Bas ?
Ma marque et ma collection « capsule » (20 produits maximum) existaient déjà quand je suis arrivée à Amsterdam.
Je suis allée dans les quartiers « shopping » de la ville. J’ai fait un « relevé concurrence ». J’ai regardé quelle était la meilleure façon de vendre ma collection :j’ai commencé par Puurmarkt et puis Indies market à De Hallen . (Avant Maker Market Amsterdam). Le manager de Indies Markert m’a proposé d’intégrer leur concept store à Mode Fabriek .(L’équivalent de Who’s next à Paris -salon du prêt à porter) . Ce qui m’a permis de vendre le reste de ma collection.
Au cours de ce salon, j’ai repéré quelques marques de prêt à porter que j’ai contactées quelques jours après. Pour l’une d’entre elles, je me suis déplacée avec cartes de visites et portfolio.
La chance a voulu que le boss soit là et dispo. 30 mn plus tard, il m’a proposé de faire un essai en free-lance. J’ai collaboré 4 années avec cette marque de prêt à porter en tant que
Directrice artistique sur :
– L’identité visuelle du lookbook. Le choix des mannequins et des lieux de shooting.
– La coordination des photographes et des Make up artists.
– Le développement des nouvelles tendances et des « Must-have » de la saison,
– L’identité visuelle des salons,
– L’organisation de défilés de la marque pendant la fashion week à Paris.
Une expérience très intéressante et enrichissante.
Créer son entreprise en étant à l’étranger, n’est-ce pas trop compliqué ?
Les démarches de création d’entreprise ici sont beaucoup plus rapides et simples. Tu peux avoir ton numéro de BTV (TVA) à la chambre de commerce en 20 mn chrono.
Penses-tu un jour collaborer avec quelqu’un dans ton activité ?
Travail en binôme, oui j’y pense, mais il faut trouver la perle rare : un ou une CMO (chief marketing officer). Tout ce que je ne suis pas . …Lol…
Que retires tu de ton expérience d’ « expat-preneuse » ?
J’ai été obligée de sortir de ma zone de confort et de m’adapter très vite à une autre façon de faire du business… .et au niveau personnel ? J’avais déjà des points de repère dans mon couple et je me suis fait rapidement de nouveaux amis.
Est-ce différent de la vie que tu avais en France ?
Oui, vraiment. J’ai beaucoup perdu professionnellement : un réseau professionnel à reconstruire et un salaire moins élevé.
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