Après plusieurs années d’expatriation, la découverte d’autres cultures, d’autres mode de vie… Julie a créé L’Envers, une marque de mode éthique, durable et solidaire. Portrait.
Bonjour Julie, tu as toujours beaucoup voyagé. Où es-tu aujourd’hui ?
Nous avons presque toujours vécu en dehors de France. Durant nos études, en Norvège, à Buenos Air en échanges universitaires. Professionnellement, nous avons commencé à Paris avec mon mari, puis Londres et Madrid .
Nous sommes à Madrid, en Espagne depuis bientôt de 10 ans. Mais nous voulions être plus près de la nature, vivre un rythme plus tranquille aussi. Aujourd’hui nous avons quitté Madrid, et nous sous sommes installés à 1h de la capitale dans un petit village en pleine montagne avec nos 3 enfants. Toute la famille a appris ce que c’est de vivre dans le froid, l’altitude et se plait dans ce nouveau style de vie.
Comment l’idée de créer ton entreprise est-elle née ?
C’est arrivé à un moment de ma vie, où avec la maturité cette idée d’entreprendre qui dormait en moi, s’est imposée; je le voulais et je pouvais le faire ici et maintenant.
Mais ce n’est quand même pas une sinécure. C’est l’âge et le recul sur la vie qui m’ont fait me lancer. L’expatriation m’a poussé à me redéfinir moi même. Ce n’est pas en restant à Paris que je l’aurais fait. L’expatriation a été un déclencheur. L’Espagne a accéléré beaucoup de prise de conscience. Il y a autour de moi beaucoup d’artisans et j’avais envie de les faire revivre, et retravailler. Il faut être sur place pour identifier ça comme opportunité.
Prendre du recul et voir les choses autrement
L’Envers est une marque de mode éthique, durable et solidaire, lancée par Julie, qui propose une alternative à la mode “Fast Fashion” travaillant en local, à petite échelle, avec des pièces de qualités en limitant son impact environnemental et social.
Ton entreprise est spécialisée dans la mode écoresponsable ?
J’ai lancé L’Envers, une marque de mode éthique et durable il y a 5 ans. J’ai toujours été plongée dans le monde du textile et ma famille est impliquée dans cette industrie depuis longtemps puisque mon arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-grand-père a fondé une lainerie dans le nord de la France en 1820 !
En 2015, j’ai pris conscience du fonctionnement voire du dysfonctionnement de l’industrie de la mode. Ca a été une révélation pour moi. J’ai compris comment la fast fashion produisait de façon opaque à l’autre bout du monde. Pour moi, c’est hyper injuste d’un point de vue politique , social et environnemental, avec des conséquences terribles sur les hommes mais aussi sur l’utilisation de l’eau et des énergies; tout cela pour moi c’est abominable. La mode a un tel coût, que je ne pouvais pas cautionner ça. La mode est un secteur hyper inspirationnel. J’aime m’habiller, les gens aussi Mais acheter la mode a un impact. Donc je voulais limiter mon impact, je voulais travailler de façon saine. J’ai donc voulu proposer une alternative. Travailler en local, à petite échelle, avec des pièces de qualités. Travailler et développer une entreprise en accord avec mes valeurs profondes et mon mode de vie.
Pourquoi ce nom L’Envers ?
J’ai choisi de détricoter cette industrie qui marche sur la tête, et donc proposer une alternative. Alors, j’ai choisi de faire les choses à l’envers. Et voilà comment est né le nom de mon entreprise, l’Envers. Faire les choses à l’envers de ce qui existe. Montrer l’envers du décor. L’industrie textile peut être transparente et mettre en lumière les gens qui travaillent à nos cotés. Mettre le pull à l’envers, voir l’étiquette et montrer la transparence du travail et de la conception faite pour réaliser nos pièces.
Quelles ont été les étapes ?
On y va lentement de manière organique. Je suis maman de 3 enfants donc j’y vais à mon rythme. Je ne peux pas passer mon temps devant l’ordi. Je suis contente d’y aller sûrement doucement. On est une marque autofinancée et je crois que les choses qui se construisent dans le temps sont des choses qui durent. C’est une contrainte mais c’est un choix.
J’ai commencé en 2015 : les 6 premiers mois le travail a consisté à trouver des artisans, à matérialiser une envie, et mettre en place le produit et puis les étapes se sont enchaînées : trouver de la bonne laine, de bonnes filatures, construire une communauté auprès des réseaux sociaux. Puis surtout être toujours près des clients.
J’ai commencé toute seule, puis une stagiaire etc…et mon mari s’implique beaucoup. On agrandit l’équipe peu à peu en reversant nos bénéfices sans s’entourer d’une équipe énorme.
Les années passent l ma vision devient plus claire. Cependant, beaucoup de chantiers restent ouverts. Une boite c’est beaucoup d’aspects. On continue à porter tout ça en veillant à rester dans l’esprit et l’équation de la marque.
Quelles démarches as-tu entreprises ?
En Espagne, les démarches pour la création de l’entreprise, le choix de la structure juridique sont faciles ; ici, j’ai le statut d’entrepreneure.. Trouver de bons partenaires, bons artisans, pour transformer la matière première
Ce que tu as appris?
C’est plus “culotté” d’entreprendre à l’étranger car il ne faut pas hésiter à en demander plus. Et ça c’est une qualité qu’il faut avoir en tant qu’entrepreneur. Quand tu tapes à la porte et qu’on ne t’ouvre pas, il faut alors passer par la fenêtre. Si tu ne demandes pas les choses et que tu restes dans ton coin il ne se passe rien. Peut-être est-ce plus facile dans une langue et une culture qui n’est pas la tienne car ne maitrisant pas les codes, tes interlocuteurs t’excuseront plus facilement. Cela a un certain charme. Je suis moins sous pression qu’un espagnol. On est plus tolérante avec moi.
Toute activité entrepreneuriale repose sur un réseau, comment as -tu construit le tien ?
Le réseau, c’est évidemment très important car tout seul on est pas grand chose !. Il faut être plusieurs pour y arriver. Je passe du temps à discuter avec des entrepreneurs ici et ailleurs aussi. Je lis, j’observe les tendances, les leaders dans mon domaine et j’y vais au culot en contactant ces gens là… en disant qu’on partage les mêmes valeurs, les mêmes visions don “discutons ensemble”! Il faut scruter les réseaux sociaux, les podcasts etc.…
Que penses-tu de la mentalité entrepreneuriale en Espagne?
Difficile à dire pour moi, car même si je vis en Espagne je raisonne à un niveau français voire international.
Pour toi, lancer son entreprise à l’étranger est-ce un défi ?
En général lancer une entreprise est un défi en soi, c’est assez vertigineux, mais le jeu en vaut la chandelle. Ce n’est pas plus compliqué d’être auto-entrepreneur en Espagne qu’en France. c’est une question de volonté et d’envie.
Pour conclure quelle est ta citation préféré ?
La peur n’évite pas le danger. Dans la vie il faut faire, essayer, on tombe mais on se relève. tester, faire, défaire et refaire. Avoir du culot et être curieux.
Le récit de Julie vous inspire ? Découvrez d’autres témoignages et nos podcasts pour vous donner de l’inspiration pour vous lancer dans un projet entreprenarial à l’étranger !
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