Julie souhaite à travers sa marque partager la joie de vivre, célébrer le printemps, vivre l’expatriation intensément…Rencontre avec une femme qui cultive le bonheur depuis Seoul
Bonjour Julie, tu es une « pro » des expatriations en famille ?
Oui, nous sommes une famille qui a déjà beaucoup pratiqué l’expatriation : une première fois expatriée en France, à Paris (car nous sommes belges), puis 3 ans en Inde, et maintenant la Corée du Sud depuis 1 an et demi.
Qu’est- ce qui t’as amenée à Séoul ?
J’ai suivi mon mari qui travaille pour un grand brasseur – groupe brassicole – très connu (notamment les marques Budweiser, Stella Artois, Corona, etc) ; depuis Séoul
il gère les activités des pays de la Corée et du Japon.
Actuellement, nous vivons à Séoul dans le quartier “français” avec, outre le Lycée français, beaucoup de boulangeries à la française !
C’est un quartier où tout peut se faire à pied, les courses, les rendez-vous médicaux,
les aller-retours au parc, le sport, et ce quartier est même entouré de zones assez boisées, très chouette pour se sentir en pleine nature alors Séoul est plutôt une ville minérale et dense.
Comment est né ton projet de sacs et accessoires en coton bio ? Quelle est son
histoire ?
J’ai démarré mon projet (une marque de sacs et accessoires réalisée avec du coton bio imprimé à la main au bloc de bois – technique artisanale du « blockprinting », alors que je vivais en Inde !
Au début, c’était plus pour la passion de cette technique artisanale et pour l’opportunité de rencontrer des communautés d’artisans, aussi bien où je vivais (à Bangalore) que lors de voyages au Rajasthan et au Gujarat, deux régions d’Inde très connues pour le « blockprinting ».
Ensuite, fin 2018, j’ai commencé à produire des petites quantités pour vendre sur des marchés de noël en Inde (marchés visités essentiellement par des expats ou
mamans des écoles internationales).
Peu après, j’ai participé à un beau marché de créateurs à Bruxelles, initié par Béa Ercolini, l’ancienne rédactrice en chef de « Elle ». A cette occasion j’ai perçu le potentiel de cette activité, en même temps que je faisais des rencontres passionnantes et porteuses qui m’ont permis de me lancer ; ainsi une jolie boutique d’Ixelles m’ a pris du stock et m’ a renvoyé régulièrement des super « feedbacks » de ses clientes, une rencontre avec une agent qui a pu me permettre
d’avoir une accroche en Europe, etc.
Pourquoi « Holi and Love » ?
Je voulais un nom avec une référence au festival “Holi” en Inde. En Inde, les festivals, c’est la base ; ils vivent autour de ces fêtes, ces cérémonies, ces moments
spirituels et festifs. Et ce qui est le plus chouette, c’est que les Indiens aiment partager leurs moments de fête avec les expatriés.
Nous vivions dan des « compounds » où se mêlaient occidentaux et familles indiennes, et nous étions toujours conviés à célébrer les festivals avec eux. Ils nous intégraient totalement dans leurs événements, nous nous habillions en tenue traditionnelle, et nous mangions leurs plats cuisinés pour ces fêtes. C’était pour moi les meilleurs moments de notre expatriation et les enfants ont gardé de merveilleux souvenirs de cet accueil et de ces moments de partage avec des familles indiennes.
Donc, ma marque « Holi and Love » témoigne de ce partage, de cette générosité du peuple indien, et de la fête Holi, célébration du printemps, du renouveau, de la vie quoi !
Accepter de suivre son conjoint en expatriation à la condition de travailler. Telle était la vision de Julie, fondatrice de Holi&Love.
Quels sont les principes qui ont guidé ta démarche d’expat-preneuse ?
Tout d’abord, j’ai toujours aimé travailler. Je savais que pour moi l’expatriation cela ne pouvait se faire qu’à la condition que je travaille. Être entrepreneuse est totalement dans mes cordes car je suis volontaire, passionnée et aussi très organisée. Il ne faut pas trop réfléchir quand on se lance, et surtout ne pas avoir “peur” et ça tombe bien car je suis aussi relativement fonceuse de nature (signe astrologique taureau! )
Ensuite, je ne voulais me lancer dans une auto-entreprise qu’à la condition d’avoir un impact favorable sur la façon dont on consomme, c’est pourquoi je tiens à ne produire qu’avec des matières écologiques, du coton bio, mais aussi des couleurs bonnes pour l’environnement et les hommes qui les travaillent.
Enfin, en me lançant et en proposant ma marque, je voulais mettre en avant les talents des artisans que je rencontrais en Inde, des gens tellement humbles et
travailleurs, et au talent fou.
Quelles ont été les étapes du développement de ton entreprise ?
Développer une marque demande beaucoup de réflexions, notamment sur la gamme, sur son évolution, sur les nouveaux produits à développer, prototyper. Il faut anticiper énormément de choses, notamment en travaillant avec des artisans, car
mes tissus s’imprimant à la main, cela prend beaucoup plus de temps que de manière industrielle.
Par ailleurs, les Indiens vivent plusieurs fois par an des festivals importants, des mariages, des moments de rassemblement, qui font que les productions peuvent
aussi être ralenties.
Enfin, il faut aussi tenir compte des éléments naturels qui peuvent influencer les délais de production : ainsi, en Inde, il y a les périodes de mousson, où l’air étant trop humide, les tissus ne sèchent pas vite. Donc, je dirais qu’une des premières étapes, c’est un bon planning 😉
Ensuite, pour lancer des produits, en dehors de l’aspect prototype, fiche technique, tests couleur, échantillons à tester etc.… il y a aussi toute la partie de la
commercialisation, y compris les moyens marketing, les « shooting », les productions
de visuels pour les réseaux, etc. Mais si la commercialisation c’est aussi et surtout une réflexion sur la stratégie commerciale, et pour cela j’ai été aidée par une consultante en développement commercial et export, c’est aussi du B2C, donc la plateforme e-commerce, et heureusement, aujourd’hui, nous sommes bien équipés avec des plateformes accessibles à tous telles que « Shopify » etc..
Une fois la collection lancée, il y a évidemment tout un suivi au quotidien pour la logistique (je travaille avec un partenaire logistique), pour le service après-vente, pour les commandes B2B à préparer etc..
Actuellement, je lance ma 2ème collection, pour l’automne/hiver, toujours une gamme de sacs et accessoires pour femmes et enfants. Demain, il y a de supers
projets de nouvelles gammes et nouveaux produits qui arrivent 😉
Quelles démarches administratives ont été nécessaires ?
J’ai pris environ deux ans je dirais pour pouvoir prétendre au lancement d’une vraie
collection qui tenait la route, et qui était prête à être proposée en B2B.
Administrativement, je n’ai encore pas fait grand-chose, car je suis toujours sous le
statut d’auto-entrepreneuse depuis 2019. Je n’;ai pas eu à faire d’investissement à l’exception de mes matières premières : le tissu.
Les entreprises ont parfois eu du mal à passer l’année « covid », qu’en a-t-il été pour
toi ?
En fait, paradoxalement, cette année a été très positive pour développer mon projet.
C’est une année “sans” à cause du covid (et de mon déménagement en Corée), mais elle m’a permis de revoir toute ma stratégie commerciale, ma ligne de produits,
ma direction.
Même à l’autre bout de l’Europe, j’ai pu mettre en place un super réseau de partenaires en France et en Belgique, qui ont contribué au lancement officiel de la
marque en mars 2021. Une collection printemps-été que je présente aux réseaux
« wholesales » sans l’aide de salon. Le fait que tous les salons soient annulés permettait en fait de me dire que j’avais autant de chances que les autres marques
(puisque là où j’étais, je n’aurais pas pu participer aux salons parisiens de toute façon).
J’ai reçu très vite beaucoup de commandes de boutiques en France (dans pratiquement toutes les grandes villes) mais aussi bien sûr en Belgique, par
l’intermédiaire d’une agent belge (rencontrée par l’intermédiaire de la toute première
boutique d’Ixelles).
Cet engouement me donne l’énergie de préparer une 2ème collection pour l’automne, collection que je viens de lancer, ici fin juillet ; et pour laquelle, je suis trop
heureuse, car j’ai reçu une superbe commande du concept store «Smallable » 😉
Qu’as-tu appris avec cette expérience en d’expat-preneuse ?
Tellement de choses !!! J’ai aussi surtout appris que la créativité est en chacun de nous, même sans faire d’école de design ou de mode, on peut concevoir de jolies
choses. Ce qui compte aussi c’est évidemment de bien s’entourer, de communiquer avec un maximum de personnes, de transmettre sa passion et de recevoir ensuite.
Quelle est la part des réseaux sociaux dans ton activité ?C’est une partie que je sous-traite car je pense que sur ce point-là, il y a une vraie expertise à retirer des vrais connaisseurs et professionnels de ce domaine. Même si
on aurait l’impression du contraire !
Ta citation préférée ?
“When you buy from a small business, someone does a happy dance” c’est tellement vrai ! Partager