La charge mentale que représente l’organisation familiale vous connaissez? A partir de ce constat Anne-Sophie et son associée ont lancé une appli pour s’organiser simplement en famille, avec plus d’entraide et de fun! Aujourd’hui The Musettes met en avant une mompreneure et son application Pixy Family.
Anne-Sophie, expatriée à Uccle , nous parle d’elle et de la création de son entreprise.
Bonjour Anne-Sophie, où vis-tu?
Je vis en Belgique, dans le sud de Bruxelles, à Uccle.
Le quartier est très sympa car près des écoles européennes et françaises. C’est moins animé que dans le centre, mais on en reste proche (environ 15 minutes) tout en ayant la possibilité d’avoir un jardin. La campagne à la ville!
Qu’est- ce qui t’as amené dans le pays où tu résides actuellement ?
Comme beaucoup, j’ai suivi mon mari pour son travail… J’ai lâché mon job : cela n’a pas été simple pour moi, mais cette pause a été l’occasion d’avoir la réflexion qu’il est souvent difficile d’avoir quand on bosse et quand tout va vite.
As-tu déjà vécu à l’étranger ?
J’ai vécu à New York il y a 20 ans.
Comment l’idée d’opter pour l’entrepreneuriat dans ton pays d’expatriation s’est-elle présentée ?
J’ai commencé ici à travailler pour Ashoka, une ONG qui fait du support aux entrepreneurs sociaux.Et je me sentais parfois frustrée d’être dans le support et le conseil plus que dans l’action. Lorsque je regarde mon parcours, je pense que cela trottait déjà dans ma tête depuis un moment sans que j’ai l’occasion ou la bonne idée pour me lancer.
D’autre part, quand on ne parle pas la langue du pays (le flamand pour la Belgique), ce n’est pas si simple de trouver un travail à son niveau d’expérience.
Etre entrepreneur, c’est créer son propre job : ça permet de continuer à avancer, tout en faisant ce avec quoi je me sens alignée et qui me permette de continuer à grandir.
Pourquoi cette thématique et ce nom?
A la base de Pixy.Family, nous sommes 2 amies ! Charlotte, qui a 3 enfants, et moi qui en a 4.
Et comme toutes les copines, on discutait gaiement de la complexité d’être parents et de devoir gérer nos boulots et l’organisation familiale. Nous en avions marre de passer plus de temps à organiser cette vie de famille qu’à passer du bon temps avec elle…
Comme pas mal de femmes, nous avons eu un déclic lors de la parution de la BD sur La charge mentale d’Emma « Fallait demander »*. Cela a mis en avant le fait qu’il y a souvent un parent pilote en ce qui concerne l’organisation de la famille, avec une charge supplémentaire très forte. Elle a eu un fort retentissement : elle a été repartagée plus de 250 000 fois en moins de 2 mois et a commencé à inscrire la charge mentale dans le débat public.
Par la suite, des études sont sorties sur le sujet : 8 femmes sur 10 sont concernées (IPSOS, 2018). 82% d’entre elles déclarent que la charge mentale pourrait les mener au burn-out, 73% en état de fatigue, 60% stressées, 56% irritables (IPSOS, 2018) – avec toutes les conséquences que cela impliquent sur la famille. 1 divorce sur 2 serait directement lié à la mauvaise communication autour des tâches domestiques (SigleRushton, 2010).
Mais surtout dans tous ces articles et études, dans tous les débats sur le sujet, nous avons relevé une absence totale de solutions concrètes et activables. Soit des solutions carrément triviales « Prenez des bains aux huiles essentielles »…. qui n’aide pas vraiment à vider le lave-vaisselle, soit des injonctions faites aux femmes « Lâchez prise », « Détendez-vous » ce qui est souvent tout le cœur du problème, et qui est en plus basé uniquement sur la bonne volonté des femmes, sans aucune aide annexe.
Dans le même temps, pour les utiliser quotidiennement, on sait qu’énormément de solutions de collaboration et communication existent en entreprises et qu’elles nous facilitent grandement la tâche. Il existe donc des centaines d’outils pour la gestion d’équipe en entreprise, mais rien pour les familles. Alors que c’est pour la plupart d’entre nous bien plus important, et qu’aujourd’hui, chacun se débrouille comme il peut.
C’est comme cela qu’est né Pixy ! Une appli familiale collaborative pour s’organiser plus simplement ensemble en famille grâce à plus d’entraide et de fun. L’objectif n’est pas, bien entendu, de standardiser les relations et la collaboration dans les familles sur un mode management d’entreprise, mais d’utiliser des outils et des bonnes pratiques en les adaptant à la réalité d’une famille. Une plateforme d’entraide et de collaboration qui ne résout pas tout mais qui peut vous aider sur beaucoup !
Et pourquoi le nom : car les Pixies sont les petites fées / lutins en anglais, celles qui amènent chez nous de la fluidité…
Rien n’est fait à votre place… alors à vous de jouer!
*https://emmaclit.com/2017/05/09/repartition-des-taches-hommes-femmes/
Quels sont les principes qui ont guidés ta démarche d’expat-preneuse ?
Mon driver N°1, c’est de mener un projet qui fait du sens, et qui fait bouger les lignes dans la société. C’est pour cela déjà que j’étais rentrée chez Ashoka, c’est quelque chose qui compte vraiment beaucoup pour moi. Avec mes talents, être à une place qui soit le plus utile possible pour le monde.
Or, avec mes 4 enfants, cela a finalement paru évident… on parle beaucoup d’égalité Homme- Femme en entreprise, mais cela sera très compliqué de l’atteindre tant que nous n’aurons pas chacun travaillé sur le sujet de l’égalité domestique. L’important était donc d’être non pas dans la revendication, mais plutôt dans la solution.
Quelles ont été les étapes du développement de ton entreprise?
La difficulté majeure dans ce projet de digital mobile est le financement : le développement digital mobile coûte très cher et la monétisation reste incertaine dans ce secteur où encore peu de gens sont prêts à payer pour une application.
Nous avons donc essayé d’adopter un processus de test le plus pragmatique possible pour ne pas engager des frais démesurés sur une idée non testée dans le réel.
- Nous avons d’abord fait un test dans 15 familles avec des post-its pour tester le concept (si l’idée ne fonctionnait pas en post-it, elle ne risquait pas de fonctionner en mobile…).
- Comme cela a bien fonctionné : nous avons donc monté un pilote avec une agence et avons testé cela dans 50 familles, et cela notamment grâce aux subsides de pré-activité.
- Grâce au succès de ce pilote, nous avons finalement obtenu l’appui de Digital Attraxion et pu développer notre version actuelle
Qu’as-tu appris grâce à cette expérience en tant qu’expat-preneuse ?
Cette expérience a été extrêmement riche à la fois professionnellement mais aussi personnellement :
- Professionnellement : construire une expérience entrepreneuriale dont j’ai toujours rêvé et voir de manière réaliste les avantages et inconvénients ! Continuer à construire un réseau riche et rencontrer des gens passionnés et passionnants chaque jour.
- Personnellement : repousser ses limites, apprendre 1000 choses différentes, apprendre à faire parler ses tripes et ses intuitions, embarquer le plus grand nombre autour d’un projet avec lequel on se sent aligné et qui nous tient à coeur. Pouvoir montrer à ses enfants que lorsqu’on se met en marche et qu’on décide de quelque chose, on peut arriver à ses fins.
Quelle part prennent les réseaux sociaux dans ta vie pro ?
Depuis Pixy, une part (trop) importante ! J’avoue m’en servir plus à la base comme le fait de pouvoir m’informer, sans vraiment poster. Le fait de devoir y venir très régulièrement n’est pas toujours facile pour moi. Moi c’est le jeu de l’algorithme et il faut s’y tenir… Nous travaillons depuis peu en collaboration sur ce sujet.
Comment as-tu fait pour te construire un nouveau réseau ?
Je pensais avoir plus de ponts avec la France, en fait les réseaux se croisent assez peu en Belgique, même dans le milieu francophone. Il a donc fallu reprendre à zéro…
Je crois beaucoup au pouvoir des rencontres, et au fait de réussir à véhiculer ses valeurs et son énergie. Donc j’ai fait beaucoup de petit-déjeuners / déjeuners. Et au bout d’un moment, les choses finissent toujours par s’aligner quand on se met en marche et qu’on provoque les choses.
Qu’est-ce que tu retiendrais de la mentalité entrepreneuriale de ton pays d’expatriation ?
La Belgique est un petit pays, plutôt donc tourné vers le B to B que le B to C. Malgré cela, nous avons trouvé des personnes qui nous ont soutenues, qui étaient prêtes à croire dès le début!
Notre incubateur (Start-it KBC), notre investisseur (Digital Attraxion) et plusieurs partenaires (notamment la Ligue des familles belges):les relations sont plus directes et simples. Les choses sont dites de manière transparentes, bienveillantes ce qui aide énormément pour avancer et construire.
Lancer son entreprise en étant à l’étranger, un défi compliqué ?
L’entrepreneuriat est toujours un défi ! Ce n’est pas simple tous les jours…. mais au final, je pense que c’est moins compliqué que dans son pays d’origine. Toutes les barrières et le cadre social tombent : on n’a plus rien à perdre.
Ta citation préférée?
Un de mes anciens Manager qui me l’a fait connaître, et je me ballade depuis avec au dessus de mon bureau…
De la vérité de l’engagement et de l’audance pour que les choses se mettent en marche….
*Questions coulisses*
Anne-Sophie nous donne ses bons tips
Quelles sont tes sorties culturelles préférées du moment?
Pas sympa cette question en ce moment de confinement !! Avec les enfants, on est en train de monter des vacances virtuelles dans différents pays : chacun va présenter 1 pays ou 1 ville pendant 1 journée via des visites virtuelles, documentaire, présentation et évidemment un bon repas !
Instant culturel : peux-tu me citer un de tes tableaux ou livres préférés ?
En ce moment, ce sont les livres de Marguerite Duras, et notamment “La douleur”. J’aime beaucoup son style et la façon dont elle réussit à nous faire rentrer dans des scènes et des personnages.
Y-a-t-il un évènement culturel dans ta ville/région que tu conseillerais ?
J’aime beaucoup les carnavals ancestraux dans l’Est et le Sud du pays, et notamment celui de Binche près de Charleroi.
Un compte Instagram qui t’inspire?
Je dirai le Burger Quizz : pour la longévité de la Chabat et de son humour pop qui ne prend pas une ride…. Vieillir, c’est dans la tête…