Bonjour Félicie, bienvenue chez Les Musettes. Peux-tu te présenter en quelques mots?
Je m’appelle Félicie Chardon et j’ai 35 ans. J’aime la bonne humeur et la bonne énergie que l’on peut puiser chez les autres mais aussi dans Les élèments – l’océan naturels, les grands espaces… et que l’on peut extraire de la terre … et toutes les ressources naturelles en général, qui sont sans limite et influent sur nos habitations et notre manière de vivre.
C’est pour cela que j’attache beaucoup au contexte lorsque je crée un espace. J’aime aussi entreprendre et rencontrer de nouvelles personnes , et je suis aussi fasciné par les créations manuelles des artisans, avec qui je travaille dans le cadre de mon métier d’architecte d’intérieur.
Tu vis actuellement en Australie, tu peux en dire un peu plus?
Je suis arrivée en Australie il y a 15 ans pour mon stage de fin d’études à Brisbane où j’ai rencontré mon mari.
Puis nous avons fait des allers-retours entre Paris et Sydney pour finalement nous installer de manière permanente à Sydney. C’était il y a trois ans et je venais d’avoir ma fille. Mon mari travaille dans une société à Sydney et nous nous sommes dit que le cadre de vie était plus agréable ici pour avoir une famille.
J’ai la chance de vivre à Bondi Beach qui est un quartier de Sydney. L’équivalent en distance de Neuilly pour Paris – mais que nous profitons d’une plage sublime, de l’océan Pacifique à perte de vue et de beaucoup de soleil.
Dans quelques mots pouvons-nous parler de l’art de vivre dans les pays d’expatriation?
L’art de vivre ou bien vivre tout court. Commencer à faire du sport avec le lever du soleil, aller au travail sans embouteillage, commencer la journée, travailler avec des gens dynamiques et bienveillants, retourner à la plage avec ses enfants en fin de journée et se coucher à 10h max.
Les gens sont agréables et la vie est relativement sans contrainte. Vivre à Sydney c’est un peu comme prendre un bain chaud. Vivre en harmonie avec les éléments.
Avais-tu déjà vécu à l’étranger auparavant ?
Mes parents ont beaucoup vécu en expatriation, donc moi aussi ! De 7 ans à 10 ans à Chicago aux Etats-Unis, puis mon père a continué l’aventure en Angleterre et en Suisse pendant une dizaine d’années mais ma mère mon frère et moi sommes restés en France. Avec mon frère, nous étions scolarisés au Lycée International de Saint Germain en Laye où quasiment tous les élèves sont de parents binationaux ou ayant vécus à l’étranger. De ce fait, je n’ai eu le sentiment de vivre en France seulement quand je suis allée à l’Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Versailles pour poursuivre mes études.
Etant donné que l’expatriation et la fréquentation de milieux multiculturels devient vite une addiction j’ai choisi de repartir à Bari, dans la région des Pouilles du sud de l’Italie, pour faire mon année Erasmus.
De retour en France après l’Italie j’ai eu le sentiment d’avoir perdu mon vocabulaire anglais … j’ai donc choisi de faire mon stage de fin d’études dans un pays anglo-saxon de l’hémisphère Sud. J’avais le choix entre l’Afrique du Sud et l’Australie – j’ai choisi l’Australie.
Pour toi, l’expatriation est-elle-ce facile ? Pourrais-tu envisager de t’expatrier à nouveau ?
J’aime l’idée de m’expatrier de nouveau, mais c’est plus difficile qu’auparavant et nécessite un réel effort -lorsque l’on a des enfants et que l’on vit à l’étranger – de relancer une société et de se refaire un réseau.
Si l’on devait repartir j’aurais une préférence pour un retour en Europe où ma licence d’exercice d’architecte est reconnue (dans certains pays de l’Union) et où je retrouverai une proximité avec ma famille et mes amis.
Et puis ça fait tellement longtemps que j’habite à l’étranger que j’aurai l’impression d’être expatriée chez moi 😉
Comment as-tu développé ton activité d’architecte d’intérieur en Australie?
Lorsque je suis arrivée ici, j’ai cherché du travail en agence mais avec plus de dix ans d’expérience dans des agences inconnues à Sydney ça s’est avéré plus compliqué que prévu. J’ai donc développé une activité que j’avais déjà débuté en France, c’est à dire une activité d’architecte et d’architecte d’intérieur.
Mon agence s’appelle Atelier Chardon Architecture. C’est le nom qu’elle avait en France. Je suis toujours la même personne bien qu’expatriée et si ma société a conservé le même nom, mes projets ont évolués.
En France, je faisais surtout des projets hôteliers, à Sydney, mes projets sont plus orientés vers du “retail” (commerce de détail) et des bars/restaurants. J’ai suivi quatre projets de boutiques de luxe (voir le site), et j’ai également été directrice artistique de la société The Property Addict pour leur chronique « Trend Setters » pour laquelle je réalisais des reportages photos de personnes avec profils d’entrepreneurs dans des intérieurs stylés. Actuellement, j’assure le suivi de la rénovation de maison à Coogee – un bar à Mosman – et une mission de conseil pour un groupe spécialisé dans le financement de projets hôteliers.
Lancer son entreprise à l’étranger, n’est-ce pas trop compliqué? Quelles ont été les démarches à suivre?
Les équivalences de diplômes sont longues et compliquées à obtenir en Australie, j’ai donc choisi de poursuivre mon activité en tant qu’architecte d’intérieur en collaboration avec une architecte locale pour les projets nécessitants signature de permis de construire. Du point de vue administratif, monter une société en Australie est relativement simple et peu contraignant comparé à la lourdeur de la démarche en France, mais les visas sont très compliqués à obtenir.
Le plus difficile en lançant son activité à l’étranger, c’est de refaire un réseau et de trouver de nouveaux clients. Recommencer à zéro en somme. Mais une fois que l’activité est relancée c’est pour le meilleur et le meilleur. J’ai une société de service donc pas d’achat de stock et j’avais déjà mon ordinateur et mon site
internet. Restait à trouver les entreprises en bâtiment et les artisans ; cela s’est fait de fil en aiguille via le réseau des Français de Sydney mais aussi les locaux que j’ai eu l’occasion de rencontrer. C’est un peu la même démarche qu’en France à vrai dire. Pour ce qui est de ma recherche de clients, j’ai eu la chance de travailler pour mon mari dans un premier temps ce qui m’a permis d’avoir des références en nom propre ici.
Puis j’ai contacté la Chambre de Commerce de France à Sydney pour faire partie de leurs adhérents et rencontrer d’autres professionnels. J’ai aussi un réseau Australien qui commence à prendre forme – notamment à travers la rencontre de designers locaux qui m’épaulent dans mes démarches et recherches.
Comment se passe les collaborations? est-ce ce à quoi tu rêvais?
Oui, et c’est réalisé! Collaborer avec des gens qui sont dynamiques, enthousiastes et qui restent bien. Je vois le monde de l’entreprise comme une communauté de créatifs qui s’entraident. Il y a du travail pour tout le monde.
Que retires-tu de ton expérience au niveau professionnel, insertion dans le pays…
J’en retire qu’avec pas mal de bonne volonté il est possible de se réinventer. Il suffit de laisser le temps au temps et les relations de confiance s’installer.
C’est assez stimulant de relancer une activité. Ça permet aussi de se remettre en question et de ne pas rester figé dans certaines habitudes du passé. Il faut aussi s’adapter à une nouvelle culture, de nouveau procédés.