Les bagages conçus par des globe-trotteuses averties: voyagez avec du style et des valeurs
Emma, expatpreneuse installée à Lisbonne, a créé le concept de Valise Intelligente, une marque de bagages engagée et solidaire. Elle a mis sa grande expérience de globe-trotteuse -toujours des bagages à la main dans son ancien job-, au service de ses convictions écologiques et de sa volonté d’aider des femmes en traitement de longues maladies… Un beau jour, Sandra, rejoint cette aventure! Témoignage à deux voix !
Travailler à deux malgré la distance
Bonjour Emma et Sandra, où vivez vous l’une et l’autre, et pour quelles raisons ?
Emma: Après 5 ans d’expatriation à Lisbonne au Portugal, je suis installée depuis 2 ans à Lille, dans le Nord de la France. J’habite dans le quartier du Vieux Lille en centre ville, un super quartier typique très animé avec commerces, bars et restaurants. Idéal pour travailler dans mon “cowork” situé à côté de la Grand Place, sortir et faire ses courses …. le tout à pied et en vélo, et top pour mes ados qui circulent en toute autonomie !
Nous sommes revenus en France car mon mari a été rappelé par son entreprise dont siège social est dans le Nord, et pour moi, pour des raisons de santé.
Sandra: Je vis à Lisbonne au Portugal depuis 11 ans avec mon mari et mes 3 enfants. J’ai suivi mon mari, qui travaille dans l’hôtellerie internationale, lors d’une mutation professionnelle.
Mon quartier, les Amoreiras (les Muriers), est situé dans une zone résidentielle et commerçante très agréable, proche de tout et pas encore envahi par les touristes 😉 Le cœur de la vie du quartier se passe au “Quiosque” du jardin ou tout le monde se retrouve à toute heure de la journée pour prendre un “cafezinho” ou une “caipirinha” ! J’ai la chance de tout faire à pied, puisque mon bureau et l’école des enfants sont à proximité.
Aviez-vous déjà vécu à l’étranger auparavant?
Emma: Non, même si j’ai beaucoup voyagé de par le monde, Lisbonne fut ma première expérience d’expatriée.
Sandra: Oui j’avais 19 ans lorsque j’ai vécu ma première “expatriation” . Je suis allée vivre 1 an dans le Michigan aux États-Unis alors que j’étais encore étudiante. Mon travail dans l’hôtellerie, m’a par la suite permis de découvrir différentes régions de France, pour ensuite partir en solo travailler au Maroc. Je suis ensuite allée vivre à Chicago pour le travail de mon mari.
Fais par des “expats” pour les globes-trotteurs !
Emma, comment est née cette idée d’entrepreneuriat lors de ton expatriation à Lisbonne ?
Emma: J’étais dans l’impossibilité de trouver un travail : je ne parlais pas le Portugais en arrivant ! , les salaires locaux sont très bas, et je souhaitais garder de l’autonomie et du temps pour ma famille. Parallèlement, je connaissais le savoir faire du Portugal en textile et maroquinerie, je souhaitais travailler avec des partenaires locaux et contribuer, à mon niveau, au développement économique du pays où j’habitais… pour toutes ces raisons je me suis lancée
Et pour toi Sandra ?
J’ai rejoint Emma sur ce projet, je pense que seule, je ne me serai pas lancée.
Emma, ton expérience de globe-trotteuse professionnelle est à l’origine de ce projet, peux-tu nous le présenter ?
J’ai toujours beaucoup voyagé dans mes anciens boulots, toujours entre 2 valises pour partir en déplacement ou en week-end et surtout ne rien oublier ! Avoir des “must have” de la valise parfaite toujours prête à partir m’aurait bien simplifier la vie !
En même temps, j’aime la mode et les produits intemporels qui traversent les saisons et j’avais besoin de consommer différemment pour des convictions écologiques et des raisons de santé; donc développer un produit et une marque en accord avec mes valeurs était indispensable pour moi.
J’ai donc eu envie de proposer une marque qui regroupe les essentiels de la valise : des produits au style chic et intemporel avec une attention portée sur la qualité des matières premières et de la confection, tout en respectant des circuit-courts.
Pourquoi le nom “Maison Jeanne” ?
Maison pour le coté « frenchy » et maison de couture, Jeanne car c’est le prénom de mes deux grands mères, des entrepreneuses elles aussi : elles m’ont toutes les deux toujours beaucoup inspirée.
Quels sont les principes qui ont guidé ta démarche entrepreneuriale ?
Emma: Produire en LOCAL, près de chez moi, un produit dont je maitrisais toute la chaîne – du choix des matières premières – naturelles ou éco-conçues, à la confection, aux packaging, rencontrer les ateliers et m’assurer qu’ils travaillaient dans de bonnes conditions, connaître les travailleurs et patrons de ces entreprises ont fait partie de ce choix de développer la gamme au Portugal.
Apporter une offre différente dans le marché des accessoires de voyage : entre les marques de luxe et la grande distribution, il y a 4 ans, peu de marques de créateurs proposaient ce type de produit – bagages, accessoires, “travel wear”, soin et kit de voyage, ….- à un prix correct pour une qualité irréprochable.
Allier le style « à la Française » au savoir faire textile Portugais, donc créer une alliance de compétences.
Proposer une marque engagée et solidaire : faire de ce business une façon d’aider les femmes en traitement de longues maladies, en leur offrant un cadeau pour chaque produit vendu. Apporter ma contribution pour une cause qui me touche particulièrement.
Donc au final trouver un sens dans l’alignement de ce que je suis et ce que je fais/vends, tel a été et reste le moteur qui m’anime au quotidien.
Sandra: Quand je suis arrivée à Lisbonne en 2009, j’ai eu la chance de travailler dans un hôtel qui mettait l’écologie et la responsabilité sociale au cœur de ses préoccupations. Ca a été le déclic pour moi et je me suis rendue compte qu’il était plus que temps de considérer les valeurs liées à une consommation plus responsable et raisonnable.
Quand je découvre le projet d’Emma, c’est justement le sens qu’elle y met qui tout de suite me séduit. Apporter un peu de bonheur aux femmes qui sont malades et fabriquer des beaux produits en respectant des valeurs éthiques et écologiques à l’ère de la fast-fashion, ce sont clairement les aspects qui ont guidé mon choix de la rejoindre.
Vous voulez du concret?
Quelles ont été les étapes du développement de “Maison Jeanne” ?
Il y a eu deux phases :
Phase 1 – Lisbonne
- Définir le concept, l’offre, le nom et positionnement, le business modèle/plan.
- Chercher des personnes pour m’aider à modéliser l’offre / design / com
- Trouver des ateliers acceptant de travailler avec moi, pour de très petites quantités
- Créer l’entreprise
- M’entourer de personnes qualifiées pour accompagner le développement commercial : site, ventes privées, communication, suivi de production. Constituer l’équipe.
- Assurer la qualité et la mise au point des produits, ouvrir le site et VENDRE !
Phase 2 – Lille / Lisbonne
- Trouver de nouveaux partenaires commerciaux / Clients B to B
- Trouver une organisation en travaillant avec Sandra à distance
- S’associer avec Sandra
- Ouvrir son capital à un petit groupe d’investisseurs privés pour trouver des fonds.
- Assurer la pérennité économique de l’Entreprise
En terme chronologique, l’histoire a débuté fin 2014, 1 an après mon arrivée à Lisbonne. Puis il a fallu 1 an pour construire les bases, trouver les ateliers, développer les produits et le site.
En 2016, nous avons créé la boite et démarré l’activité et en 2017 le site a vraiment démarré.
Lancer son entreprise en étant à l’étranger, pour toi le défi a-t-il été compliqué ?
Le fait d’avoir du temps pour se réinventer est une chance, les opportunités différentes donc non je ne dirai pas que c’est compliqué mais très motivant ! Une façon aussi de se créer un réseau, de faire de belles rencontres autour de supers projets ou personnalités.
Qu’as-tu appris grâce à cette expérience en tant qu’expat-preneuse ?
Emma : Des milliers de choses ! J’ai toujours travaillé avec des équipes en entreprise en tant que salariée. Se lancer seule, dans un pays étranger, sans parler la langue, pour une première création de boite, en alternant une santé fragile, était un beau challenge ! Avant tout énormément de travail pour obtenir un résultat, une belle offre de produits digne d’une jolie marque. Mon expatriation n’a pas été synonyme de « vacances au soleil », mais plutôt une renaissance professionnelle – et donc personnelle !
Savoir tout faire, être flexible, multi tâches, ne pas avoir d’horaires, se réinventer, s’entourer, se remettre en question, tenir sur la durée, garder le cap et savoir « pivoter », motiver ses partenaires/clients/équipes.
Sandra: Qu’avec de la détermination et de la discipline, on peut construire.
Dans votre activité quelle est la part des réseaux sociaux ?
C’est environ 20 % de mon temps.
Comment as-tu fait pour reconstruire un réseau en expatriation ?
Emma: Il y a eu beaucoup de rencontres via l’école, le sport, et surtout les formations sur place.
Sandra: L’école et mon premier boulot à Lisbonne.
Qu’est-ce que tu retiendrais de la mentalité entrepreneuriale au Portugal ?
Emma: Géniale ! Lisbonne accueille énormément de créateurs d’entreprises, propose de nombreux groupes de travail, “networking”, pour les entrepreneurs
« Empresa na hora » permet de créer son entreprise en 1 H ! Bon l’administration est quand même lourde au delà de cette belle promesse.
Sandra: Ces dix dernières années, Lisbonne est devenue une ville très dynamique et qui, de par ses nombreux attraits, ouvre le champ des possibles à tout type d’entrepreneurs venus des 4 coins du monde. Elle accueille aussi le Websummit depuis plusieurs années, c’est une mega conférence consacrée au web qui a lieu au mois de novembre. Cet événement a place Lisbonne sur le haut de la scène internationale en matière d’innovation.
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