La nature au gré des saisons siciliennes est la source des inspirations de Martine pour créer un monde de douceurs et de bien-être
Bonjour Martine, où vis-tu ?
Je vis une grande partie de l’année en Sicile, tout en faisant des séjours de durée variable à Paris où j’ai passé ma vie. Je suis installée au sud de l’île, extrême pointe du continent européen, face à la Méditerranée et à l’Afrique. Ici, les habitants disent que dès qu’une maison est distante de plus de 500 mètres de la plage, on dit qu’on vit à la campagne donc je vis à la campagne…
Pourquoi cette installation en Sicile ?
Un pur hasard, rien n’était prévu ni réfléchi… hélas. Parce que pour s’installer dans un pays étranger, il faut réfléchir sérieusement avant ! C’est ce que j’ai appris de mon impulsivité. Je venais pour la première fois en vacances en Sicile avec une amie et nous sommes tombées sur une petite maison de rien. J’avais toujours eu envie d’une maison à la mer, elle coutait le prix d’un parking à Paris, nous avons décidé de l’acheter à deux et de nous la partager pour avoir un petit pied-à-terre au soleil. On l’a acheté en 48h, juste en allant retirer 500€ au distributeur pour signer la promesse de vente.
Avais-tu déjà vécu à l’étranger auparavant ?
J’ai fait de longs séjours en Asie, parfois 5 mois, mais je n’avais jamais vécu à l’étranger.
Tu as lancé « Bella Ciao, casa in Natura », pourquoi ce nom et quel est le concept de ton projet ?
Bella Ciao, c’est le nom que j’ai donné à ma maison, je n’ai pas réfléchi, je n’ai pas cherché, c’était évident. J’ai toujours adoré « Bella Ciao » ce chant de révolte des résistants italiens durant la seconde guerre mondiale. Mais aussi et on le sait moins, c’est aussi la chanson de contestation, au début du XXe siècle, chantée par les « mondine », ces saisonnières qui repiquaient le riz dans les rizières de la plaine du Pô. Le concept de ma micro-entreprise est de me laisser guider par la nature et mon inspiration pour imaginer des objets réconfortants, en toute petite série. C’est un concept ultra-impressionniste qui met du beurre dans mes épinards et, très gratifiant, un peu de douceur dans des maisons étrangères.
Prendre le temps…
Dirais-tu que tu fais du Slow entrepreneuriat ?
Il n’y a pas plus slow que ma petite entreprise ! D’abord, je travaille beaucoup avec la mer et les plantes donc je suis leur rythme au fil des saisons. Les grandes marées sont l’occasion de collecter coquillages, bois flottés ou étoiles de mer et la cueillette des plantes demande de la patience, d’avoir l’œil sur la météo, de récolter modérément pour ne pas gâcher…Ensuite, au gré de mon inspiration et de mon intuition, je fabrique de mini-séries, pour le moment toujours relié au mieux-être et à la spiritualité : bâtons de fumigation pour purifier les énergies, oreillers de repos remplis de plantes, huiles de soin, feuilles de sauge blanche à faire brûler… Depuis peu, je modèle aussi des amulettes en argile, porteuses de messages, à accrocher dans la maison, à un berceau, au-dessus d’un autel etc…
Pour te lancer dans tes créations : de quoi as-tu eu besoin ?
Pour le moment, simplement de créer une micro-entreprise. Et de présenter mes créations sur Instagram, le bouche à oreille a fait le reste. Mais je dois maintenant songer à structurer mon artisanat par saison, avoir de l’aide pour les périodes les plus chargées de l’année et j’aimerais ouvrir un e-shop pour pouvoir proposer des pièces uniques, des micro-séries à l’improviste etc. Mais en Sicile, la logistique d’expédition est compliquée et chère, c’est mon principal problème.
Depuis quand es-tu passionnée par l’artisanat, la nature ?
J’ai été élevée par une grand-mère très attachée à la nature, elle connaissait tout : les fruits et les baies sauvages, les champignons et les plantes, les arbres et les oiseaux… J’ai beaucoup appris auprès d’elle. Pour le reste, j’ai toujours été habile de mes mains, je sais rendre les petites choses désirables.
Y a-t-il un message que tu souhaites faire passer à travers Bella Ciao ?
Je n’ai pas de message à faire passer mais quand je vois mes « clientes » citadines s’illuminer en mettant le nez dans mes plantes, ça me réjouit. J’éprouve beaucoup de gratitude pour ce que nous donne la nature.
Qu’as-tu appris sur toi, en te lançant comme indépendante ?
Qu’il est vraiment difficile de travailler seule, j’adorerais avoir deux ou trois amies qui me rejoignent mais, pour le moment, toutes mes amies sont encore dans le système classique (métro-boulot-dodo).
Se lancer dans la création en étant à l’étranger, un pari difficile ?
Tout dépend du pays où l’on s’installe, le genre de produits que l’on propose, de l’environnement. C’est une question qui a d’innombrables réponses. En Sicile, on ne peut se lancer qu’en ciblant l’extérieur car sur l’île, rien ne marche.
Un mantra, une citation préférée ?
Puissent les ponts que je brûle éclairer mon chemin.
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