Cristina connait bien l’expatriation et les expatriés ! Avec ses podcasts, écoutez des témoignages qui vous donneront l’envie de tenter l’aventure à l’étranger et de trouver, comme Cristina, un équilibre personnel et professionnel. Une nouvelle histoire de Musettes !
Bonjour Cristina, tu vis dans les Midlands en Angleterre, peux-tu nous en dire un peu plus ?
Je vis à Solihull une petite ville à taille humaine au cœur des Midlands (30 minutes de Birmingham et 1h45 de Londres en train).
Les Midlands est une région avec beaucoup d’espaces verts ce qui est très agréable. Il n’est pas rare de traverser des champs de moutons (clin d’oeil à Shaun le mouton que j’affectionne particulièrement!).
Mon mari a eu une opportunité professionnelle ici. Après avoir pesé le pour et le contre, on a décidé de s’expatrier une nouvelle fois. Ce qui a pesé dans la balance c’est l’éducation positive à anglo-saxonne et le fait que nos enfants ressortent bilingues de cette expérience.
Les “expats” français et internationaux s’installent généralement à Leamington Spa où se trouve le siège de Jaguar Land Rover mais j’avais envie de vivre au milieu des anglais et non au cœur de la communauté française.
Tu avais donc déjà expérience de l’expatriation en arrivant en Angleterre ?
Oui, cela fait 10 ans que nous sommes expatriés. Nous avons vécu en Espagne, en Suède et aujourd’hui nous vivons en Angleterre depuis 4 ans.
Comment l’idée d’entrepreneuriat s’est-elle présentée ?
L’idée est née de mes expériences d’expatriation précédentes et de mes allers-retours en France. J’ai vécu ma première expatriation comme une parenthèse professionnelle. J’étais en congé parental et j’en ai profité pour préparer un Master en cours du soir à l’Université à Madrid. Deux ans plus tard, mon retour professionnel en France a été difficile car l’entreprise avait donné mon poste à quelqu’un d’autre. Quelle désillusion ! Donc lorsque nous sommes repartis en expatriation, en Suède cette fois-ci, j’ai décidé de démissionner. Je me suis dit: “quitte à repartir de zéro au prochain retour, autant tenter l’aventure dans une autre boîte!”. J’avais envie de tenter l’expérience dans une autre entreprise. En partant en Suède, j’étais donc libre de retrouver un autre employeur. Mais construire son réseau professionnel sur place, apprendre le suédois et candidater prend un temps fou (surtout quand on a deux enfants en bas âge)! Plus d’un an et demi plus tard, après quelques entretiens d’embauche en suédois, au moment où j’avais retrouvé une mission en entreprise, il nous a fallu rentrer en France. J’ai retrouvé en un mois un poste à la hauteur de mes ambitions: responsable de communication ! Mais mon conjoint se retrouvant dans une impasse professionnelle, nous avons décidé de repartir en “expat”, direction l’Angleterre.
A force de persévérance….
Expliquer l’expatriation via un podcast est au cœur de ton projet, mais pourquoi “Expat Heroes”?
Dans le cadre de mon dernier poste de responsable de com en France, j’avais géré un podcast d’entreprise. C’est en préparant notre déménagement en Angleterre que cette idée de podcast pour expatriés est née fin 2016. Ça n’existait pas, je me devais de le créer ! Le nom du podcast “Expat Heroes” est venu quelques mois après. Je voulais montrer l’expatriation vue de l’intérieur et surtout loin des clichés. On m’a tellement renvoyé à la figure “notre belle vie d’expatriés, au bord de la piscine”.
Bien sûr il y a le plaisir de la découverte d’une autre culture et parfois un meilleur niveau de vie. Mais il y a surtout le risque professionnel et financier, les difficultés d’adaptation, les grands moments de solitude quand on ne comprend pas la langue du pays. Sans parler de la perte d’identité professionnelle du conjoint accompagnateur. J’avais beau l’expliquer, les gens ne comprenaient pas. L’expatriation ce n’est pas “les vacances”! Ce podcast me permet de casser les clichés qu’on colle aux “expats”.
Ces clichés sont symbolisés par le masque de super héros qu’on voit sur le visuel de mon podcast. D’autres nous disaient aussi “waouh vous êtes des “warriors”, nous on n’aurait pas la force de tout quitter pour s’installer ailleurs.” C’est un sacré défi et un formidable accélérateur de développement personnel. Les “heroes” ont des super pouvoirs. Les invités du podcast “Expat Heroes” aussi. Mes invités revêtent souvent ce masque de super héros lorsqu’ils me racontent à quel point ils sont sortis de leur zone de confort et ont accompli des projets dont ils ne se seraient pas cru capables avant de partir. L’expatriation les a poussés au delà d’eux-mêmes. Grâce à l’expatriation il ont grandi et ont gagné des “super pouvoirs” en quelque sorte. Voilà pourquoi le podcast s’appelle Expat Heroes. C’est à coeur ouvert qu’ils me confient comment ils se sont adaptés et réalisés à l’étranger.
Je l’avais créé au départ pour que les expatriés se sentent moins seuls dans leurs difficultés et trouvent de l’inspiration en cas d’impasse professionnelle. En réalité, les auditeurs qui m’écrivent pour me remercier sont des personnes qui se préparent à partir en expatriation et qui sautent le pas grâce au podcast.
J’ai aussi créé il y a un an la formation en ligne “Let’s Podcast“. C’est une formation de 50 vidéos pour accompagner ceux qui veulent créer leur podcast de zéro. Pas besoin d’être ingénieur du son pour créer son podcast! Je suis fière de voir naître de super podcasts d’entrepreneures grâce à cette formation!
Quels sont les principes qui ont guidés ta démarche d’expat-preneuse ?
Montrer la réalité de l’expatriation loin des clichés a été un moteur très fort. Petit à petit, j’ai pris confiance en moi et j’ai été plus à l’aise avec l’exercice de l’interview. Je réussissais à créer de la complicité avec mon invité en me livrant aussi sur mon expérience d’expatriée. J’arrivais à briser la glace et parfois même la carapace de mon invité (à lui retirer son masque!). Les avis que je reçois parlent de la bienveillance et de l’authenticité qui émanent du podcast. Ce sont mes valeurs phares et je suis heureuse que ça s’entende. Je casse les clichés dans “Expat heroes” et aussi dans ma formation Let’s Podcast! Je démystifie la technique liée à la création de podcast en la rendant accessible. Je n’aime pas les clichés, j’aime parler vrai et j’espère que ça se sent dans les projets que j’entreprends.
Quelles ont été les étapes majeures dans la création de ton entreprise ?
Définir l’identité (trouver le nom, créer la charte graphique) a pris 3 mois. Ensuite j’ai créé mon site Internet et je me suis formée en parallèle pour enregistrer, monter et diffuser mon podcast. Il ne m’a fallu qu’un micro et un hébergeur pour passer à l’étape supérieure. J’ai enregistré mes premiers épisodes. En 2 mois, j’étais prête à les diffuser. Le challenge a été de tenir le rythme de diffusions (ça reste un challenge!).
Créer du contenu. Se faire connaître. Se faire reconnaître. C’est un long chemin ! Quelques articles par-ci, par-là. Le bouche à oreille surtout.
La monétisation est la dernière phase à mon sens. Si tu ne produis pas de contenu, si les gens ne te connaissent pas et si tu n’es pas reconnu dans ton domaine, il y a peu de chances que tu réussisses à le monétiser. J’ai commencé à trouver quelques annonceurs pour mon podcast. Je prépare actuellement une formation audio pour aider tous les futurs expatriés à se lancer. Des auditeurs m’ont écrit que le podcast les avais aidés à préparer leur expatriation. Mais comment faire le tri sur 60 épisodes? Cette formation sera un “best of” des questions à se poser avant de partir avec plein de conseils!
Celle qui murmurait aux oreilles des expats….
Que retires-tu de cette expérience d’expat-preneuse ?
Quand le projet vient du cœur, cette énergie est tellement forte de le partager au monde, que tu passes à l’action. La peur est là mais elle est enivrante. J’essaie de me rappeler ce sentiment quand je me lance dans un nouveau défi. Si le feeling est bon, je sais que je tiendrai la distance. C’est un vrai marathon. Il faut être régulier. Le challenge le plus important pour moi reste l’organisation. J’aimerais parfois me dédoubler voire même me tripler. Moi avec les enfants, moi aux fourneaux, moi au podcast…! Malheureusement ce n’est pas possible et c’est même déconseillé (on peut devenir dingue, non?) ! J’ai accepté avec le temps que je ne peux pas être partout et parfaite sur tous les points. La solution est une question d’équilibre sans oublier qu’il n’y a pas de recette miracle car la réussite n’est pas la même pour toutes !
Quelle est la part des réseaux sociaux dans ton activité ?
Les réseaux sociaux me prennent beaucoup de temps et d’énergie. Heureusement qu’il existe des outils pour automatiser les publications sinon j’y passerai encore plus de temps! L’expat c’est ma vie, je parle d’expat dans mon podcast, je suis en expat, mes amis sont des expat… sans les réseaux sociaux, je perds ce lien fort avec collègues expats et amis, je n’imagine pas vivre sans… même si je m’octroie quelques semaines par an de “detox digitale”. La téléportation m’aiderait à réduire mon temps sur les réseaux sociaux 😉
Comment as-tu fait pour construire ce nouveau réseau ?
L’objectif principal n’a jamais été de me faire un réseau. C’est venu tout seul grâce au podcast. Forcément, en interview, les gens se confient, une complicité se crée et on reste en contact. Les personnes de mon réseau aujourd’hui, sont les personnes que j’ai interviewées, ça s’est fait tout seul.
Qu’est-ce que tu retiendrais de la mentalité entrepreneuriale au Royaume Uni ? était-ce compliqué de se lancer en étant à l’étranger ?
En faisant un stage d’une journée sur comment devenir “self-employed” en Angleterre, j’ai été très surprise d’apprendre que 5 millions de personnes sont auto entrepreneurs au Royaume-Uni, 3 fois plus qu’en France! Je pense qu’entreprendre un business localement doit être compliqué, il faut connaître les codes culturels et administratifs et adapter son produit au marché local. Pour une activité nomade sur Internet, il n’y a plus de frontières, tout devient plus simple je trouve, avec comme avantage de ne pas avoir à recréer de clientèle si on repart ailleurs. Donc peut importe où on domicilie sa boîte. Je mesure la chance d’être auto-entrepreneur en Angleterre, tout est fait ici pour nous simplifier la vie, administrativement parlant.
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