Mettre en lumière sa ville d’expatriation et en faire son terrain de jeu grâce à des artistes qui mettent en valeur un patrimoine inspirant.
Ciao Laetitia ! Tu nous emmènes au cœur de l’Italie ! Où vis-tu plus précisément ?
Ciao di Roma ! Je vis à Rome depuis 2 ans. J’ai la chance d’habiter le centre historique, à deux pas de la Place Navone avec sa « Fontaine des 4 fleuves » du Bernin et de la Via dei Coronari, ruelle typique avec ses antiquaires et ses jolies places. L’avantage est d’avoir l’impression de vivre dans un décor de théâtre, au cœur de la « dolce vita » et pouvoir se déplacer uniquement à pied.
Quelles sont les circonstances qui t’ont amenée dans la Ville Eternelle ?
J’ai toujours été amoureuse de l’Italie. Nous avons déjà vécu à Rome avec mon mari il y a près de 20 ans. C’était un rêve de pouvoir y retourner en famille avec nos 3 filles. Mon mari a eu une opportunité professionnelle. Nous vivons cette expérience comme une « parenthèse enchantée » car nous savons que nous devrons rentrer en France dans 2 ans.
Avais-tu déjà l’expérience d’une vie à l’étranger ?
Etudiante, j’ai vécu en Irlande 6 mois et par la suite nous avons beaucoup voyagé avec mon mari. Nous avons déjà vécu l’expatriation, toujours à Rome il y a 20 ans déjà, puis 15 années à Paris ont suivi. Notre rêve de revenir à Rome s’est concrétisé. L’expatriation donne des ailes… Nous aimerions continuer à vivre à l’étranger si cela était possible. C’est hyper enrichissant de s’ouvrir à une autre culture et de croiser la route de personnes qui ont vécu aux 4 coins du monde. La plupart de mes amies et amies de mes filles sont trilingues.
Comment est née cette idée d’entrepreneuriat ? Peux-tu nous présenter en quelques mots ton activité ?
Après 15 années salariée dans le domaine culturel et artistique, de Rome à Paris, dont plus de 10 ans dans le marché de l’art, en septembre 2019, alors à Paris, j’ai décidé de me lancer seule par le conseil en Art : partager avec exigence et passion mes compétences et connaissances par mon expertise auprès de collectionneurs, de maisons de vente, de galeries, et collectionneurs. Le confinement m’a aidé à réfléchir à ce que je voulais faire et proposer ici. J’ai rencontré d’abord virtuellement puis en personne dans leurs ateliers de jeunes artistes français(es) de talent et leur ai proposé de venir exposer leurs œuvres à Rome. Rome vit en effet de son patrimoine mais j’ai réalisé que la vie artistique contemporaine se trouvait surtout à Milan et que l’offre en art contemporain était pauvre à Rome.
Depuis octobre 2020, j’invite des artistes émergents, au fort potentiel, à venir à Rome exposer une série d’œuvres lors de deux ou trois expositions annuelles. Je leur propose de porter leur regard, et leurs pinceaux, sur l’Italie et toutes ses inspirations, à travers une série d’œuvres inédites et exclusives. Ce sont de jeunes talents, souvent pluridisciplinaires, architectes, designers, peintres, photographes ; quelquefois déjà reconnus ou en passe de le devenir (les soies et les huiles sur toiles de Marion Vallerin ou les huiles sur papier et tirages limités de Margaux Desombre, en octobre Sarah Espeute, artiste marseillaise, exposera sa vision globale de l’objet artistique avec également du mobilier, des textiles brodés, des peintures à l’huile comme des fragments de murs…). Ces artistes offrent à Rome et aux Romains, à des amateurs sensibles au beau, une collection d’œuvres d’art éphémère et Rome devient source d’inspiration à travers son architecture, son patrimoine, ses couleurs, sa lumière, son art de vivre.
Que signifie ce nom, LdG Art & Patrimoine ?
LdG Art & Patrimoine, tout simplement mes initiales et ART pour mes services pour l’art contemporain à travers mon conseil auprès des collectionneurs et acteurs du marché et PATRIMOINE pour mes services de recherches historiques pour les architectes du patrimoine. J’aime ces 2 casquettes car j’aime être polyvalente. Créer des ponts entre l’art et le patrimoine, la France et l’Italie est mon leitmotiv.
Ce nom résume bien mon parcours, mes expériences et mes « talents »
Quels sont les principes qui ont guidés ta démarche ?
Je suis convaincue que l’art procure du plaisir, crée de l’émotion, éveille notre sensibilité. Il peut devenir une passion… Et j’aime l’art de la rencontre ! Essayer de soutenir les artistes en leur offrant un projet d’exposition et l’occasion de rencontrer des amateurs d’art et d’échanger avec eux sur la démarche de l’artiste. C’est précieux.
Je propose des œuvres de 1er marché : les œuvres sont vendues pour la 1ere fois, et sortent des ateliers d’artistes. Je joue un peu le rôle de galerie et fait l’intermédiaire entre l’artiste et l’amateur d’art.
C’est vrai que beaucoup de personnes se disent “j’y connais rien”, “comment reconnaître la valeur d’une œuvre ou la cote d’un artiste ? Pour certains, ce sera un achat “coup de cœur” ou d’autres un achat “d’investissement”.
L’acte d’achat d’art peut faire peur. Le marché de l’art est encore un secteur “sauvage” ou semble élitiste. Certaines galeries ou salons ne sont pas très accueillants.
Pourtant j’ai deux convictions :
– de jeunes artistes se cachent partout et expriment avec générosité leurs talents !
– nous avons tous besoin de s’entourer de beauté, de donner une âme à nos intérieurs et de vibrer face à une œuvre d’art !
Amateur d’art ou collectionneur, acquérir une œuvre d’art doit rester un acte simple, agréable, et procurer du plaisir !
Ma mission va donc de la recherche de l’artiste, du choix et thème des œuvres exposées, des différents formats proposés pour tous les prix, de l’exposition, de la communication, de la livraison chez le client à l’installation. Mes clients ont tous les âges. De la jeune étudiante qui a économisé plusieurs mois pour s’offrir une œuvre à l’architecte d’intérieur qui a la charge de la décoration de l’appartement d’un privé. La majorité de mes clients sont quand même de jeunes couples souvent expatriés qui commencent à « habiller » voire « donner une âme » à leurs intérieurs et ont eu un « coup de cœur » commun pour une œuvre. Cette œuvre représente aussi pour eux un « souvenir » italien de leur passage à Rome, qu’ils garderont toute leur vie et le début d’une collection car je peux leur donner quelques repères pour les orienter dans leur démarche d’art.
Quelles ont été les étapes du développement de ton entreprise ?
Les étapes se sont faites assez naturellement. J’ai commencé toute seule à cerner les services proposés, à me créer une identité graphique, concevoir un site comme vitrine, mettre à jour mon profil sur les réseaux, Linkedin notamment et activer le réseau. A Rome, le réseau d’entrepreneurs Ponte Via m’a aidé à croire en mon projet et à me donner des objectifs par des actions à court et moyen terme. J’ai rencontré des femmes qui se reconvertissent souvent et veulent donner du sens à leur travail tout en conciliant leur vie familiale et leur vie professionnelle.
Je n’ai jamais eu peur de frapper aux portes…On n’a pas grande chose à perdre. Je suis curieuse et je suis les ateliers et résidences d’artistes. J’ai ainsi rencontré une 1ere artiste puis une seconde… Du hasard sont nées de belles rencontres et opportunités. J’ai la chance de rencontrer des artistes talentueuses avec qui j’ai un réel plaisir à travailler sur les 5-6 mois que nécessite la conception de l’exposition, de la production des œuvres à la communication jusqu’à l’exposition. Mon planning d’expositions est rempli jusqu’en septembre 2022 avec 3 nouvelles artistes !
Depuis septembre, un webmaster m’aide à optimiser mon site et à créer un e-shop qui propose les œuvres de mes artistes. Le marché de l’art en ligne se développe fortement, rentrant dans les habitudes des collectionneurs. Ainsi, où que l’on habite, on peut faire l’acquisition d’une œuvre d’art.
Qu’as-tu appris grâce à cette expérience en tant qu’expat-preneuse ?
J’apprends de cette expérience que l’expatriation est une occasion de sortir de sa zone de confort, d’oser se lancer dans une nouvelle aventure. Notre environnement change et de nouvelles rencontres peuvent donner un sacré coup de boost et faire naître des collaborations et des amitiés. Je rencontre beaucoup d’expatriés qui ont toujours voyagé et des femmes qui ont su se créer des jobs nomades. Je trouve cela assez exceptionnel d’adaptabilité et de liberté. Même à mon retour en France, je pense garder cet esprit qui m’anime ici…
Quelle part prennent les réseaux sociaux dans ta vie professionnelle ?
C’est déjà par les réseaux que je suis les artistes. Instagram est une mine d’or pour suivre un artiste par ses vidéos d’atelier, ses photos d’œuvres, de détails, son actualité de résidences d’artiste ou d’exposition. On y trouve tout. Certains même ne vendent leurs œuvres que par ce biais, même s’ils se rendent bien compte des limites des réseaux… Les réseaux permettent d’être une fenêtre sur le monde en mouvement. Pour ma part, je poste presque chaque jour une actualité de mes expositions, des artistes, une inspiration de l’art italien ou de l’art de vivre italien. Très peu de photos persos. Je ne veux pas en devenir esclave, ni cultiver mon image, ainsi j’ai assez de recul quand même et il peut se passer plusieurs jours où je disparais des réseaux.
Quelle est ta citation , ton mantra si tu en as un.e?
Facile !;) « chi va piano va sano chi va sano va lontano ! « (qui va lentement va bien et va loin).