Des expériences immersives pour sensibiliser à l’environnement: le pari de Vanessa exapt’preneure au Brésil.
Bonjour Vanessa, tu es installée au Brésil depuis quelques années, peux-tu nous en dire un peu plus sur ton cadre de vie et les circonstances de ton expatriation ?
C’est une opportunité professionnelle d’expatriation offerte à mon époux qui nous a conduit en famille au Brésil fin 2017.
Actuellement, je vis à São Paulo ; c’est une mégalopole à l’image de l’immensité brésilienne, difficile à apprivoiser au début, mais à laquelle je suis maintenant très attachée ! J’ai la chance d’habiter une maison dans un quartier calme, près du Parc Ibirapuera, et de profiter au quotidien de ce poumon vert en pleine ville.
Avais-tu déjà une expérience de l’expatriation ? Comment vis-tu cette nouvelle vie ?
Je n’avais jamais vécu à l’étranger avant notre installation au Brésil. C’est une expérience personnelle et professionnelle incroyablement riche que je recommande chaudement à ceux qui en auraient l’opportunité et qui hésiteraient encore à franchir le pas.
Depuis plus de 5 ans maintenant, je découvre au quotidien la richesse de la culture brésilienne et la joie de vivre de sa population, quelles que soient les circonstances. Cette sensation d’apprentissage et d’enrichissement permanent est ce que je préfère dans cette expérience de vie.
Comment passe-t-on du métier d’avocate en expatpreneuse ? C’est un vrai virage professionnel, comment l’as-tu appréhendé ?
J’ai commencé ma carrière professionnelle comme avocate en droit public et de l’environnement. J’avais donc déjà une petite idée de l’exercice libéral. Puis, j’ai évolué vers le secteur de l’entreprise, comme salariée et ai continué à côtoyer de près ou de loin le domaine du développement durable.
Lorsque nous avons quitté la France pour le Brésil, j’étais à un tournant de ma carrière et j’avais débuté un bilan de compétences.
Notre expatriation au Brésil a été l’occasion de poursuivre ma réflexion. Mais j’ai trouvé difficile d’appréhender seule une reconversion professionnelle, qui plus est dans un pays et sur un marché du travail jusqu’alors inconnus ! J’ai donc choisi de me faire accompagner localement par une coach. Il en est ressorti l’envie de mener à bien et de partager des projets à impact positif dans le domaine de l’environnement. J’ai d’abord concrétisé cette envie ici en entreprise, un milieu professionnel connu et « rassurant ».
Mais au terme d’un contrat temporaire, j’ai ressenti un grand besoin d’autonomie et de liberté d’action. Je me suis dit que c’était le moment ou jamais de me lancer dans mon propre projet entrepreneurial, malgré tous les risques encourus !
Petit à petit l’oiseau fait son nid…
Que propose ton entreprise « Oficina Beija Flor » et son nom en portugais est très porteur de sens. Peux-tu nous en parler ?
Je propose des ateliers et expériences immersives de sensibilisation à l’environnement à un public enfant et adulte, qu’il s’agisse de particuliers, d’écoles ou d’entreprises, au moyen d’activités concrètes, ludiques et créatives, avec bienveillance et optimisme. L’objectif des ateliers et expériences immersives est de faire prendre conscience à mon public que de simples actions du quotidien peuvent avoir un impact positif sur l’environnement et de l’inciter à l’action.
Oficina Beija Flor pourrait se traduire en français par « Atelier Colibri ». Mais j’ai choisi le portugais, car c’est ici que mon projet entrepreneurial est né. « Oficina » peut tout aussi bien signifier « atelier », « laboratoire » voire « garage » en français. C’est un lieu où on apprend, on analyse, on expérimente, on crée, on fabrique, on répare etc…
Quant au « Beija Flor », c’est un oiseau que j’ai découvert ici au Brésil et qui me fascine ! Malgré sa toute petite taille, c’est un grand pollinisateur qui participe à la préservation de la biodiversité. Il symbolise aussi la joie et l’adaptabilité.
C’est aussi l’oiseau emblématique d’une légende amérindienne qui m’a inspirée.
Un jour, il y eut un immense incendie de forêt. Tous les animaux, terrifiés, assistaient, impuissants, au désastre. Seul le colibri s’activait, allant chercher de l’eau avec son bec pour la jeter sur le feu. Le tatou, agacé par ce manège, lui dit : « Tu es fou ?! Ce n’est pas avec ces gouttes d’eau que tu vas éteindre le feu ». Le colibri lui répondit : « Je le sais, mais je fais ma part ». Face aux enjeux environnementaux actuels, on a tous un rôle à jouer – si modeste soit-il. Bien sûr, nos gestes individuels du quotidien ne résoudront pas tout, c’est bien plus complexe que cela. Mais ne vaut-il pas mieux être acteur que spectateur ?
Par quelles étapes es-tu passée avant de concrétiser ton projet ?
Je crois qu’il y a d’abord eu une longue étape de « gestation » inconsciente pendant laquelle j’ai mûri mon projet, sans même m’en apercevoir. J’avais toutes les pièces du puzzle en main. Il me fallait encore les assembler.
Puis à partir du moment où j’ai décidé de renoncer au salariat et de tenter l’aventure de l’entrepreneuriat, tout s’est éclairci et s’est accéléré. En quelques mois, Oficina Beija Flor était née.
J’ai fait beaucoup de recherches, suivi pas mal de MOOC, de formations, de conférences sur les sujets environnementaux mais aussi sur l’entrepreneuriat. Et puis j’ai échangé avec des entrepreneurs de mon entourage, pour avoir des retours d’expérience.
Je me suis aussi initiée au benchmarking, au business plan, à la stratégie marketing, autant de sujets qui se sont avérés très abstraits pour moi… Alors pour rendre l’exercice plus concret, j’ai travaillé sur mon nom, mon logo, ma charte graphique et créé juridiquement ma micro-entreprise individuelle.
Je n’ai investi que très peu dans l’achat de matériel car l’essentiel de mon activité repose sur mon travail intellectuel de création d’ateliers et de recherche d’expériences immersives.
Je n’ai pas non plus choisi de louer un local. Mon idée était de commencer par aller vers ma clientèle avant qu’elle vienne à moi.
Je vais donc dans les écoles, les entreprises, j’accompagne les particuliers sur les sites que je souhaite leur faire découvrir ou je les reçois chez moi, dans une ambiance conviviale.
Avec le recul sur ces premiers mois, quels résultats peux-tu évaluer ? Tout dépend de ce que l’on entend par « résultats » !
Pour moi, les premiers résultats encourageants ont été les réactions positives de mon entourage lorsque je leur ai présenté mon projet. Puis, il y a eu les premiers ateliers, les retours enthousiastes de mes clients – petits et grands – et les demandes de prestations qui sont arrivées au bout de quelques mois.
Je considère le bilan de la première année d’existence d’ »Oficina Beija Flor » comme positif car la majorité des formules que j’ai proposées ont plutôt bien fonctionné.
Alors bien sûr, il y a aussi eu des flops, des moments de doutes, de découragement et si on raisonne en termes de « résultats » financiers, je n’y suis pas encore (rires) !
Mais comme on dit ici, « faz parte », c’est-à -dire ça fait partie du jeu qui, je trouve, en vaut la chandelle. Je suis plus motivée que jamais, on verra bien quels seront les « résultats » de 2023 !
D’après toi quelle est la part des réseaux sociaux pour développer ton activité ?
Une part qui se doit d’être TRÈS importante !
C’est d’abord un passage obligé pour communiquer sur les ateliers et expériences immersives que je propose et faire ainsi connaître mon travail.
Mais c’est aussi un excellent outil de sensibilisation d’un public qui ne participera peut-être jamais à mes ateliers, mais qui pourrait avoir envie d’expérimenter les gestes éco-responsables du quotidien que je suggère régulièrement.
J’ai trouvé la prise en main de ces réseaux sociaux particulièrement chronophage car je ne les avais jamais beaucoup utilisés dans ma vie professionnelle comme personnelle. Je partais pour ainsi dire « de zéro » …
Aujourd’hui, j’y passe moins de temps mais j’ai conscience que je pourrais – et que je devrais – exploiter davantage tout le potentiel de cet incontournable outil de communication !
L’essence même de ton entreprise est ancrée dans le développement durable, quel message souhaites-tu porter ?
« Oficina Beija Flor » est une invitation à s’approprier les enjeux environnementaux actuels en apprenant, en échangeant, en expérimentant, au travers d’activités concrètes, ludiques, créatives, avec bienveillance et optimisme.
Comme le colibri de la légende, chacun de nous a un rôle à jouer, si modeste soit-il, à son niveau, selon sa sensibilité et ses capacités.
Nous sommes tous, sans exception, des acteurs potentiels de notre développement durable, alors ne restons pas spectateurs, faisons notre part !