Relier le savoir-faire français et chinois pour créer une marque de soins naturels pour enfants. Entre son expérience d’expat’ et professionnelle dans la cosmétique, notre Musette tire son épingle du jeu
Nĭhǎo Natacha! où es-tu expatriée?
Après avoir “bourlinguée” dans plusieurs pays, je vis à Shanghaï depuis 8 ans. Dans le quartier “FFC: Former French Concession”, un ancien quartier français. Très joli quartier qui fait très français, avec des platanes, de petites ruelles, des petits cafés, bars, restaurants, des boutiques…la place “trendy”. Il a 2 écoles françaises, des maternelles. C’est peuplé de gens qui ont 1 ou 2 enfants. Quartier très charmant. On fait beaucoup de choses en vélo ou scooter électrique. C’est assez silencieux car il n’y pas de grandes artères et tout est à proximité. C’est un quartier avec beaucoup de charme, où on peut voir des tournages de cinéma.
Pourquoi Shanghai ?
Mon mari et moi nous nous somme rencontrés à Dubaï . Puis il est allé au Chili pendant 1 an ! Donc nous avons fait beaucoup d’ allers-retours…
Avais-tu déjà l’expérience d’une vie à l’étranger ?
Je n’ai pas “réellement vécu” en Amérique latine mais j’ai beaucoup voyagé là-bas pour le travail. J’avais une valise été, une valise hiver. Ensuite j’ai été muté à Dubaï où je m’occupais du Moyen-Orient , du Pakistan et de la région , Puis j’ai vécu à Hong-Kong et maintenant Shanghaï. Finalement, je n’ai pas beaucoup travaillé en France ..
La cosmétique pour enfants, une nouvelle niche
Comment est née cette idée d’entrepreneuriat ? Peux-tu nous présenter ton activité en quelques mots ?
C’est un long cheminement.Mes 2 dernières expériences professionnelles ne se sont pas très bien passées. J’ai eu mes enfants un peu “tard”. J’ai eu mon premier enfant à 36 ans. J’avais de grosses responsabilités au travail. Mais j’étais tiraillé avec mes enfants…bref, les missions se sont faites plus rares..j’ai travaillé avec des starts-up, j’ai trouvé ça très intéressant! Et puis une occasion s’est présentée pendant un cours que je donnais à mes étudiants (je suis aussi business teacher ) sur ce qu’était l’éco-socio-conception. Et je me suis dit : qu’est-ce que je sais faire? Je connais déjà le monde de la “cosméto” pour femme. Mais la “cosméto” pour enfants me tenait à cœur car ma fille avait beaucoup d’eczéma, et je ne trouvais pas ici de produits qui répondent à sa problématique. Je ramenais plein de produits dans mes valises, avec tout le plastique que ça génère…ça me dérangeait. Et je savais très bien qu’en Chine on pouvait trouver de très bon savoir-faire. Et je me suis dis: “Tiens, je vais créer une marque!” Doucéa France. Ce sont des ingrédients français homologués et reformulés ici en Chine. Entre l’idée et la réalisation il s’est passé 3 ans.
Doucéa France, pourquoi ce nom?
Le marché “cosméto” pour la femme est assez saturé. Mais je pense qu’il manquait quelque chose pour les enfants. Une gamme destinée pour eux. On a interrogé 400 enfants sur 3 thèmes. On avait notre premier produit: notre pot de crème.
Il a fallu trouver le moyen qu’il soit rechargeable, on a rajouté ces capsules qui n’existent pas en Chine. Pour trouver le nom, on a eu beaucoup de mal : j’ai travaillé avec des groupes de mamans, des enfants…et en discutant avec ma cousine, elle me dit “il faut que ça soit sonne doux , que ça sonne bien comme Doucea…” et là ça a fait tilt! On a créé le logo, puis déposé le nom en Chine. Je n’imagine même pas quel autre nom on aurait pu trouver! Et on a décliné ….
Quelles ont été les grandes étapes de ta démarche entrepreneuriale ?
J’aurais voulu lancer la France en premier puis la Chine. Mais ça ne s’est pas passé comme ça. Pour des questions financières, de covid etc…. on a d’abord commencé par la Chine. Ca a été des étapes compliquées, enregistrer le nom en chinois, enregistrer les formules, les faire tester, créer un parfum, designer, faire beaucoup d’interviews….c’est très long surtout quand on est toute seule! Je n étais pas prête à faire une levée de fond tout de suite, je voulais prouver que la marque pouvait marcher, que les bases étaient solides… Commencer plus petit, plus niche . J’ai construit brique par brique.En Chine, c’est beaucoup plus compliqué qu’en France. Il faut avoir des certificats. Certaines plateformes ne te prennent pas si tu n’as pas les certificats de ventes conformes, les lois sont rétroactives…
Si il n’y avait pas eu le Covid, en moins de 2 ans la marque serait sortie. Mais ça m’a permis de créer plus de produits notamment une crème pour les mains. J’ai eu plus le temps pour faire des recherches et améliorer la gamme.
J’ai vendu un appartement, mon mari m’a aidé financièrement, des amis m’ont aussi aidé…c’était un investissement. Mais ça valait le coup !
Quelle est la part des réseaux sociaux dans ton activité professionnelle ?
C’est énormissime! Ici en Chine, il est difficile de vendre en boutique quand tu n’as aucune notoriété. Tout est français! seule la production est chinoise. Je n’avais que très peu d’accueil. Donc on a tout investi sur les réseaux sociaux et plateformes chinoises. On a mal joué en prenant le réseau social weibo, en 2 ans elle a beaucoup décliné. Donc on a investi sur d’autres plateformes qui ne sont pas connues en France. On doit encore travailler Insta, Facebook…
Quel est le message que tu souhaites porter avec Doucéa France ?
Il y a plusieurs messages : Consommer bien, mieux. Avec Doucea on essaie de se faire plaisir de façon ludique, autonome. Prendre soin de soi dès l’enfance, pour avoir une belle image d’eux avec des ingrédients responsables !