L’appel de l’expatriation et l’envie de partager la découverte d’un Chili authentique… Florence a créé une agence de voyages sur-mesure : immersion en Estancia, tournée culinaire à vélo…
Une fois n’est pas coutume, rencontre avec Florence, une belge qui a voulu partir à l’étranger pour voir comment ça se passait ailleurs… Un choix voulu et assumé.
Bonjour Florence, tu es expatriée au Chili depuis 4 ans, où vis-tu précisément ?
Je vis à Santiago, au Chili, dans dans un quartier qui s’appelle “Providencia”.
Avant, nous habitions dans un secteur appelé « El Golf », qui est aussi un bon quartier pour vivre, mais un peu trop « quartier d’affaires » à notre goût. Après 4 ans là-bas, on avait envie d’un quartier avec plus de vie. C’est pour cela qu’on a choisi “Providencia”. Il y a plein de commerces de proximité, des petits parcs, de nombreux restaurants, etc. En plus, le quartier est bien desservi par les transports en commun, critère essentiel pour nous qui n’avions pas de voiture jusqu’à il y a peu. Je trouve le quartier très agréable à vivre.
Qu’est-ce qui t’as amené au Chili ?
Avec mon conjoint, Alexandre, en 2015 nous avons décidé de partir travailler à l’étranger. Nous souhaitions une expérience en dehors de l’Europe. Comme nous parlions déjà un peu Espagnol, nous étions tentés par l’Amérique Latine. En regardant les différents pays, il s’est avéré que le Chili présentait tous les critères que nous recherchions : pays développé, sécurité, stabilité politique, opportunité d’emploi et nombreuses possibilités pour voyager.
As-tu déjà vécu à l’étranger ?
En tant qu’étudiante j’ai vécu 6 mois à Vienne, ma capitale européenne préférée.
Pourquoi, une fois installée au Chili, as-tu fait le choix de créer ta propre société ? Est-ce l’expatriation qui t’a poussée dans cette voie ?
En arrivant au Chili, j’avais négocié pour obtenir le même poste que celui que j’occupais en Belgique dans la branche chilienne du groupe. Je travaillais comme consultante en risques financiers pour le secteur bancaire. Après 5 ans dans ce job, j’ai été prise d’une profonde quête de sens. J’ai eu la chance d’être accompagnée par un coaching au sein de Switch Collective, qui a été révélateur. C’était en juin 2017. Quelques mois plus tard, je démissionnais pour me lancer dans l’aventure entrepreneuriale.
Au final, c’est bien l’expatriation qui a été source d’opportunité pour me lancer, car je pense que si j’étais restée en Belgique, je n’aurais jamais osé.
Au coeur du Chili hors des sentiers battus à la découverte d’un pays authentique avec des offres personnaliséeS.
TravelCoachChile, le coaching de voyages ! c’est une idée pas banale. Comment en es-tu arrivée là ?
TravelCoachChile n’est pas un hasard ! Durant mon bilan de compétences chez Switch, j’ai pu identifier que j’avais une passion pour le coaching. J’avais cette forte envie d’accompagner des personnes pour les aider à atteindre leurs objectifs et de les encourager à découvrir de nouvelles choses.
Puisque je suis une grande voyageuse dans l’âme et que je vivais au Chili, j’ai décidé de combiner l’opportunité que m’offrait mon expatriation et ma connaissance du terrain avec le coaching.
C’est ainsi que l’agence de voyages TravelCoachChile est né. Au tout début, je pensais être « coach de voyages ». Finalement, j’ai crée ma propre agence de voyages sur-mesure, et j’organise des circuits de A à Z.
Puisque les relations humaines étaient un critère essentiel dans ma démarche, je mets la relation avec le voyageur au cœur de la préparation de l’itinéraire. Chaque itinéraire est crée suite à un, deux ou parfois trois appels téléphoniques durant lesquels nous pouvons discuter avec les voyageurs de leurs envies et de leurs attentes. C’est comme cela que nous faisons du vrai sur-mesure. Il n’y a pas deux voyages identiques. Cela donne l’opportunité au voyageur de déjà commencer à s’évader lors nos échanges téléphoniques, et pour nous, cela nous permet de bien comprendre ses besoins et lui préparer un itinéraire qui lui corresponde parfaitement.
Une autre composante essentielle était de proposer des voyages en dehors des sentiers battus, des alternatives aux sites très connus. Ainsi nous donnons l’opportunité, aux voyageurs qui le désirent, de découvrir le Chili authentique.
Quelle a été ta démarche d’expat-preneuse, et sur quels principes ?
Puisque la création de l’agence de voyagesTravelCoachChile est intimement liée à ma quête de sens, toutes mes décisions ont été guidées par mes valeurs.
Je fais en sorte de transmettre dans mon quotidien ma curiosité. J’encourage mes collaborateurs et j’essaye d’inspirer les voyageurs à sortir de leur zone de confort et d’aller découvrir de nouveaux horizons. C’est pour cela que nous encourageons les expériences durant le séjour : immersion en Estancia, bivouac dans le désert, tournée culinaire à vélo… Tous ces moments hors de la routine sont parfaits pour s’ouvrir l’esprit et découvrir une réalité différente de la nôtre.
Ensuite, nous cultivons la proximité, autant avec nos voyageurs, qu’avec nos collaborateurs, mais également avec nos prestataires. Ils sont la clé de voûte de l’agence de voyages TravelCoachChile. Nous avons une relation proche avec une bonne partie d’entre eux, et surtout une relation de confiance. On s’entraide beaucoup.
Par ailleurs, je fais tout pour que TravelCoachChile garde son authenticité et pour encourager la découverte du Chili authentique. C’est comme cela que nous avons commencé à créer des itinéraires en lien avec les communautés locales comme les Aymaras et les Mapuches.
Enfin, comme je l’ai dit plus haut, nous sommes très flexibles que ce soit dans nos relations avec les voyageurs (pour faire du sur-mesure) ou dans nos relations avec nos collaborateurs (c’est l’avantage des petites structures).
Comment a commencé l’aventure de TravelCoachChile ?
Avant de me lancer officiellement, j’ai muri le projet d’août à décembre 2017. Durant cette période, j’ai trouvé des « cobayes » pour qui j’ai construit des voyages sur mesure, et j’ai commencé mon site internet. En février 2018, je lançais officiellement mon site (le jour de mon anniversaire pour être exacte ! un beau cadeau !). J’ai eu beaucoup de chance, car au premier jour, j’ai eu ma première cliente, une maman qui voulait faire un voyage en famille pour venir voir son fils qui faisait un Erasmus au Chili.
Durant les 6 premiers mois, j’ai eu quelques clients et j’ai petit à petit commencé à construire un réseau dans le monde du tourisme. J’ai participé à un mini incubateur, qui a été très enrichissant dans le développement de l’agence de voyages TravelCoachChile. Durant les 6 semaines de formation, on a passé en revue le persona, le MVP, le Business Model Canva, les étapes de validation et même le marketing. C’était un programme très complet, et gratuit !
En août 2018, je signais un partenariat avec Evaneos, une plateforme qui met en relation les agences locales avec les voyageurs. Au même moment, la grosse saison commençait et j’ai reçu énormément de demandes via mon site internet et mon réseau d’expatriés. Je me suis retrouvée à devoir gérer beaucoup d’itinéraires en même temps, tout en continuant de développer mon réseau de prestataires et construire mon offre. Car chaque itinéraire sur-mesure fait l’objet d’une page web dédiée, avec des descriptions détaillées et des photos pour chaque activité. Cela demande en amont une préparation énorme. Je dois dire que durant cette étape, j’ai été un peu sous l’eau.
En février 2019, un an après le lancement, je décidais d’engager ma première collaboratrice, car je ne pouvais plus gérer toute seule. Ensuite, j’ai progressivement fait grandir l’équipe à 4 personnes !
Quelles ont été les étapes ?
J’ai commencé petit, en maintenant les investissements au minimum. Un pc, un site web, et c’était tout. J’ai toujours voulu que TravelCoachChile soit au maximum une entreprise digitale, donc j’ai tout misé sur les outils en ligne. Progressivement, j’ai professionnalisé mon offre, en incorporant un outil de création d’itinéraire en ligne, un CRM, quelques fonctionnalités supplémentaires sur notre site web,… Je n’ai jamais dépensé en marketing. Mais je songe de plus en plus à le faire, pour encourager la reprise post-covid.
Une fois que j’ai engagé ma première collaboratrice, nous sommes parties à la recherche d’un espace de coworking. On a passé 2 semaines à tester tous les jours un nouvel endroit, jusqu’à ce qu’on trouve chaussure à notre pied. Lorsque l’équipe s’est encore agrandie, nous avons opté pour un bureau au sein d’un cowork.
Le côté administratif ne m’a pas pris trop de temps, bien que le processus ait été réparti en beaucoup d’étapes différentes. Pas toujours facile de s’y retrouver lorsqu’on débute et qu’on est étrangère au pays. Heureusement, j’avais déjà obtenu un visa de résidence permanente, ce qui a facilité mes démarches. Un des moments clés a été le choix de notre comptable, qui a pu nous guider dans quelques procédés administratifs. J’avais eu la chance de l’avoir rencontrée lors de mes formations auprès de l’organisme d’incubation. Nous travaillons toujours avec elle depuis !
Qu’as-tu appris grâce à cette expérience d’expat-preneuse ?
Honnêtement, cette expérience a changé ma vie. Je ne sais pas si je pourrai un jour retourner au salariat ! Même si ce n’est pas facile tous les jours (cfr. La crise du Coronavirus par exemple), être entrepreneur est un métier extrêmement enrichissant. Voir son entreprise grandir, pouvoir faire des choix alignés avec ses valeurs, être maitre de son destin, sont autant de raisons pour lesquelles je ne regrette rien. Je n’ai plus jamais le « syndrome du lundi matin », et je ne me demande plus jamais pourquoi je fais ça. Je me sens vraiment alignée. Et ça n’a pas de prix!
Quelle part prennent les réseaux sociaux dans ta vie pro ?
J’ai longtemps mis les réseaux sociaux en priorité minimum, car nous n’avions pas de temps à y consacrer. En janvier 2020, j’ai engagé un stagiaire pour qu’il reprenne tout notre volet communication, resté à l’abandon. Depuis juin 2020, c’est moi qui ai repris la main. Je suis très organisée ! On peut vite y passer des heures ! Alors je planifie en amont toutes mes publications, et je bloque 4h par semaine pour la création du contenu pour les réseaux. Au quotidien, je crée quelques story supplémentaires mais j’essaye de ne pas y passer + de 15/20 minutes par jour. Sinon je sature !
Et ton nouveau réseau sur place ?
Au niveau personnel, en arrivant j’avais déjà un ami sur place (rencontré lors de mon Erasmus à Vienne), ce qui nous a bien aidé. Ensuite, comme je travaillais dans une grosse boite internationale, on s’est vite fait une petite bande d’amis avec qui on a bien accroché. Petit à petit notre nouveau réseau est né.
Pour ce qui est de ma clientèle locale, j’ai intégré un groupe Whatsapp composé de 250 membres expatriés au Chili. Ce groupe est très actif. Au tout début du lancement de l’agence de voyages TravelCoachChile, j’avais décidé de donner des cours de français et de soutien scolaire. En allant de famille en famille, j’ai fait quelques connaissances, qui n’ont pas manqué de me recontacter lorsqu’elles ont eu envie de faire un voyage. Les retours étaient tellement satisfaisants que le mot s’est très vite répandu et j’ai rapidement été sollicitée par toute la communauté.
Enfin, au niveau réseau professionnel, j’ai été au culot et j’ai pris contact avec plein de gens ! Que ce soient des concurrents ou des prestataires… De fil en aiguille, j’ai eu des rendez-vous avec des personnes-clés qui m’ont aidée dans l’une ou l’autre démarche compliquée, ou qui m’ont ouvert des portes. Les gens ont toujours été très ouverts.
Qu’est-ce que tu retiendrais de la mentalité entrepreneuriale de ton pays d’expatriation ?
Au Chili c’est très facile de lancer une entreprise. Les démarches ont été simplifiées au maximum. L’esprit est vraiment d’encourager les gens à formaliser leur entreprise. On n’attend pas de vous que vous soyez la prochaine Licorne de la startup Nation. Ce qui fait un peu baisser la pression. Je trouve l’univers de l’entrepreneuriat très bienveillant au Chili.
Lancer son entreprise en étant à l’étranger, cela a-t-il été un défi compliqué ?
Non ! Surtout une belle opportunité ! Je recommande à 100% l’expérience.
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Le voyageur est celui qui se donne le temps de la rencontre et de l’échange.
Frédéric Lecloux
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