Bonjour Isabelle, peux-tu te présenter à nos Musettes ?
Je suis Isabelle, j’ai déjà vécu un demi-siècle et espère en vivre un autre. Je suis Consultante et Formatrice en Langues.
Je suis mariée à un Irlandais et nous vivons dans son pays à Carrigaline, dans la région de Cork, au sud de cette île verte. Nous avons deux garçons parfaitement trilingues : anglais, français et irlandais (la langue officielle du pays)
Mes goûts : j’adore cuisiner, je peux passer des heures et des heures dans ma cuisine, cette pièce aux multiples couleurs et odeurs. Je suis assez douée avec mes dix doigts et j’aime coudre, bricoler… J’ai deux autres passions : le théâtre et les langues.
Expatriée en Irlande, avais avais-tu déjà vécu à l’étranger auparavant ?
Je suis arrivée en Irlande en 1996 après mon mariage. J’avais toujours rêvé de vivre à l’étranger. L’Irlande n’avait jamais fait partie des destinations qui étaient sur ma liste, c’est le fait d’avoir épousé un Irlandais, qu’il avait son travail dans ce pays qui m’a amenée ici. Ce n’est donc pas du tout un pays que j’avais choisi.
Avant cela, j’avais déjà passé du temps, en célibataire, à l’étranger. J’étais allée aux Pays-Bas, en Allemagne et au Canada. J’ai eu la chance de gagner le Concours de la Journée Européenne des écoles en 1981 et de gagner un long séjour en Allemagne. J’ai obtenu une bourse pour une période d’études à Amsterdam, puis un contrat pour travailler à la Bibliothèque Royale de La Haye, toutes les deux aux Pays-Bas. Pendant mes études de langues, l’Université de Lille m’a envoyée
une année enseigner le français à Trinity College, Dublin en Irlande. Une excellente année, mais quand je suis rentrée, j’avais dit que ce n’était pas un pays pour moi. Puis quand je préparais mon doctorat, l’Université de Bordeaux m’a envoyée à York University à Toronto, Ontario, Canada. Ce fut absolument génial !
Tu as créé ta propre activité en tant qu’expatpreneuse, en quoi consiste-t-elle ? et comment as-tu développé le concept ?
Je suis Consultante et Formatrice en Langues – un nouveau métier en quelque sorte ! L’idée de Jeux 2 Langues m’est venue par les gens que j’ai rencontrés et les expériences que j’ai vécues. Je me suis souvent heurtée aux enseignants du primaire qui refusait l’idée que je puisse parler français à mes enfants sous x, y ou z prétextes. Au fond de moi, je savais que j’avais raison.
J’ai donc décidé de me former et de préparer – à distance – un Master Professionnel en Diffusion des Langues. Sans rentrer dans les détails, j’ai beaucoup appris et quand il a fallu suivre un stage, j’ai décidé de créer une association Multilingual Café et j’ai transformé mon auto-entreprise en traduction pour qu’elle inclut ce qui me passionnait et me passionne toujours, les langues et le bilinguisme. Les choses se sont faites petit à petit et sont encore en déroulement. Élever ses enfants avec plusieurs langues est assez nouveau en Europe. Tout le monde est d’accord sur le principe, mais pas nécessairement dans la pratique. Ensuite, c’est assez facile quand les enfants sont petits, tout se complique dès qu’ils entrent dans la pré-adolescence. Mon désir est d’aider et de soutenir les familles.
J’ai rencontré des mamans qui pleuraient car on leur interdisait de parler leur langue maternelle avec leurs enfants – une interdiction venue soit de l’école, soit du monde médical. La liste de histoires que l’on m’a racontée est longue. Pourquoi les parents devraient-ils payer quelqu’un pour aider à faire les devoirs dans la langue de l’école alors qu’ils savent le faire dans leur langue maternelle ?? En étant Consultante en Langues, je crée des passerelles entre les parents et les écoles, entre les parents et le monde médical, pour que les langues de la maison soient acceptées en dehors de celle-ci.
Créer son entreprise en étant à l’étranger, n’est-ce pas trop compliqué ? quelles démarches ? as-tu rencontré des difficultés ?
Facile d’ouvrir en étant à l’étranger ? Je suis en micro-entreprise française. J’ai pu faire toutes les démarches en ligne. La seule condition étant d’avoir une adresse postale en France. Ce fut donc assez facile pour moi. Si j’ai une question, je peux la poser en ligne et j’obtiens une réponse. Tous les papiers me sont envoyés ici.
Que retires tu de ton expérience d’expatpreneuse au niveau professionnel ? …. et au niveau personnel ?
Je suis très heureuse de mon expérience d’expatpreneuse. Pas facile tous les jours. Il ne faut surtout pas faire cela pour vouloir gagner de l’argent, beaucoup et vite. Dans mon domaine, j’ai rencontré beaucoup de gens et c’est vraiment très agréable. Les choses se développent petit à petit. Au niveau professionnel, il a fallu apprendre à être chef d’entreprise, une grande première pour moi, pas évident tous les jours. Solo-entrepreneur, on peut parfois se sentir seule, il faut donc être tenace et ne pas baisser les bras. Je n’étais pas du tout dans le monde de l’entreprise avant.
Je ne regrette absolument pas.
Quelle organisation as-tu mise en place pour assurer l’équilibre activité et votre vie personnelle ?
Quand les enfants étaient plus petits, je travaillais quand ils étaient à l’école. Il était important pour moi de passer du temps avec eux. Maintenant, j’ai des journées entières de libre, mais je me suis établie un emploi du temps – comme à l’école pour pouvoir équilibrer famille et travail. Cela permet d’avoir une structure et d’avancer. Je suis hyper organisée !!
Je suis dans ce que l’on appelle une famille mixte – puisque j’ai épousé un étranger, un Irlandais pour être plus précise. Nous vivons dans son pays.
As-tu le sentiment de temps différents avec tes enfants, du fait de l’expatriation ?
Oui, la vie est extrêmement différente de la vie en France. Pour les enfants, les journées d’école sont courtes : 9h – 14h, avec obligation de prendre un casse-croûte qui doit être avalé en 10 minutes sur les cahiers de classe. Donc les journées passent vite. Les enfants irlandais ont des activités tous les après-midis et comme le dîner (sauf chez nous !!) est vers 17h30, il faut être hyper-organisée.
Donc j’ai élevé mes enfants de manière différente que si j’avais épousé un Français, nous avons passé toutes nos après-midis ensemble et donc avons développé des relations approfondies. Nous avons passé beaucoup de temps ensemble à jouer, à bricoler, à cuisiner…. Comme les Irlandais ne s’invitent pas, nous étions toujours ensemble.