Catherine, quelle Musette es-tu ?
Je suis Catherine Martel, psychologue de formation ; j’ai été expatriée plus de 15 ans dans plusieurs pays : Turquie, Roumanie, Chypre, Vietnam, Autriche, et actuellement j’habite en Bosnie-Herzégovine.
Tu vis à Sarajevo, comment es-tu arrivée ici ?
Je vis depuis plusieurs mois à Sarajevo, ville malheureusement surtout connue pour son lien avec le début de la première guerre mondiale, ou en raison du siège de 4 ans qu’elle a subi durant la guerre de l’ex-Yougoslavie.
Heureusement, aussi pour le déroulement des Jeux Olympiques en 1984 ; les pistes de ski se trouvent à une demie heure du centre-ville ! C’est une ville attachante, multiculturelle, où les églises côtoient les mosquées. Et la nature se trouve aux portes de la ville…
C’est la profession de mon conjoint qui m’a amenée à mener cette vie faite d’expatriations successives. Nous sommes arrivés à Sarajevo avec notre dernier fils qui va avoir 16 ans et nous avons également 2 filles qui sont étudiantes, l’une en France et l’autre à Amsterdam : une vraie famille expat !
Le plus gros challenge en terme d’adaptation est sans doute pour notre fils, qui a effectué toute sa scolarité dans le système scolaire français, et qui vient de rejoindre le système anglais, car il n’y a pas de classes de lycée à l’école française de Sarajevo. Il ne prépare donc pas le Bac, mais les A level …
En quelques mots, l’art de vivre à Sarajevo.
Les cafés sont nombreux dans les ruelles de la vieille ville ; prendre le temps de boire un café ou de fumer le narghilé en terrasse font partie des occupations préférées des locaux. Sinon, j’apprécie particulièrement la tombée du jour : la lumière rasante est magnifique, et le chant des muezzins s’élève depuis les dizaines de minarets de la ville : c’est un instant magique !
Ton expérience de l’expatriation t’a amené à aider les familles expatriées, comment as-tu développé ce concept ?
Psychologue de formation, j’ai travaillé une dizaine d’années en France (orientation scolaire puis recrutement) avant de partir à l’étranger. Dans chaque pays où nous avons vécu, je me suis investie dans la vie associative, créant notamment plusieurs associations dont deux accueils FIAFE (Fédération Internationale des Accueils Français et francophones d’Expatriés). J’ai aussi enseigné le français, après avoir effectué une formation dans ce domaine. Depuis quelques années, j’effectue des consultations psychologiques en ligne.
Expatriée 15 ans avec ma famille dans divers pays, j’ai constaté combien notre vie de mobilité était source de richesses, d’ouverture, mais également combien elle s’accompagnait de défis à relever, notamment pour les adolescents. J’ai également constaté que les parents étaient vraiment démunis lorsqu’un enfant rencontrait des difficultés d’adaptation, de scolarité, ou autre.
Donc depuis 2017, je me consacre au projet Expats Parents, destiné à aider les familles expatriées, via un site collaboratif, destiné à aider les familles, à mieux vivre leur vie nomade
Psychologue, j’ai contacté des personnes dont les qualités humaines et professionnelles étaient en accord avec mon approche, et leur ai proposé de contribuer à l’élaboration de ce site, en partageant des écrits ou des réflexions en lien avec les objectifs du projet. L’accueil enthousiaste que j’ai reçu, tant de la part des professionnels que des parents, m’a confortée dans l’idée que ce projet était utile et nécessaire. Il a d’ailleurs récemment remporté le 2ème prix du public aux trophées des Français de l’étranger !
Outre le site, il existe un groupe Facebook très actif, où plus de 7000 parents partagent leur expérience, de façon bienveillante et dans un esprit d’entraide.
Quelles ont été les étapes clés de ton projet ?
J’ai lancé le projet Expats Parents, destiné à faciliter l’expatriation en famille. Tout a démarré en janvier 2017, par la création d’un groupe Facebook, qui a grossi très vite grâce au bouche-à-oreille : environ 500 nouveaux membres le rejoignent chaque mois, et nous sommes désormais près de 7000 familles !
En parallèle, j’ai réalisé le site internet du projet, grâce aux contributions d’une vingtaine d’auteurs (une trentaine désormais) : il est régulièrement enrichi de nouveaux articles.
Depuis peu, il existe une newsletter mensuelle, et nous avons commencé à réaliser des ateliers interactifs en ligne. D’autres projets sont en cours…
Je n’ai pas besoin de local ni de matériel : c’est une activité vraiment nomade que je peux piloter depuis n’importe où, avec un ordi et une connexion internet … Je me suis récemment immatriculée comme micro-entrepreneur, afin d’avoir une existence légale, et de pouvoir par exemple réaliser des
partenariats et accepter des annonceurs sur le site.
Que retires-tu de ton expérience au niveau professionnel, insertion dans le pays, familial… ?
Le projet Expats Parents est l’aboutissement de ma formation, mon histoire familiale, mon expérience professionnelle et mon engagement associatif.
Un parcours cohérent, en dépit de tous ces changements et déracinements que ma vie de « conjointe d’expat » m’a fait vivre au fil des affectations. La satisfaction de constater que toutes les compétences glanées çà et là, notamment dans le bénévolat, sont mises à profit. Le sentiment d’avoir créé quelque chose qui manquait, et qui est utile à de nombreuses familles. La joie de voir que d’autres sont prêts à répondre à mon appel et à partager leurs expériences ou leurs compétences. Le plaisir de voir des liens se tisser au-delà des frontières, dans un esprit d’entraide.
Expats Parents, c’est tout cela.
Alors, oui, finalement, on peut dire que c’est une expérience assez exceptionnelle !
Comment t’organises-tu entre ton activité et ta vie personnelle ?
Les deux activités sont vraiment liées.
Dans la mesure où cette activité est plus une passion qu’un métier, j’y consacre pratiquement tout mon temps. J’essaie de lever un peu le pied le week-end, mais depuis le début du projet, il y a plus d’un an, il ne s’est pas passé une journée sans que je m’en occupe d’une façon ou d’une autre… Pour pouvoir poursuivre à développer le projet, il va falloir que je trouve un moyen d’en déléguer certaines parties…