Chloé, quelle expatriée es-tu?
Chloé, 37 ans J’aime l’Humain, la rencontre réelle avec l’autre. C’est pour cela que bien qu’adorant voyager, j’aime aussi surtout m’expatrier et m’installer pour mieux comprendre une culture, un pays.
J’aime découvrir les personnes en profondeur et pas seulement en surface. Ma passion est d’être profondément curieuse de tout , intéressée par tout. Je conserve néanmoins de vrais penchants pour la philosophie, l’histoire et la littérature. J’aime par dessus-tout la liberté de l’homme et sa capacité à faire des choix.
J’aime lire, le cinéma, les jeux de société et le sport en général. J’aime aussi faire la fête… !!! :))) Ça compte, non? 🙂
Comment es-tu arrivée à Amsterdam et combien de temps?
J’ai suivi mon mari dans le cadre d’une mutation professionnelle, notre deuxième expatriation. Nous vivons dans l’Oud Zuid: c’est un quartier aéré; nous vivons près des petits commerces, à mi-chemin des musées, du centre et de l’école. Idéal! Vivant sans être trop animé et surpeuplé.
Nous sommes installés depuis septembre 2016. Je suis arrivé avec 3 petits garçons qui ont aujourd’hui 6 ans et demi (Marcel), 5 ans (Gaspard) et 2 ans et demi (Zadig).
N’ayant jamais déménagé auparavant avec une troupe aussi nombreuse, je suis accordé 3 mois pour installer tout le monde, trouver l’équilibre familial et faire «notre trou». Notre adaptation à été rapide, notamment les enfants qui sont tout simplement incroyablement flexibles.
Vous avez déjà vécu à l’étranger?
J’ai vécu mes années de collège à Casablanca, au Maroc. J’ai vécu 6 mois à Miami (2003), 6 mois au Bénin (2003) et 5 ans au Mexique (Mexico City), juste avant d’arriver à Amsterdam.
Tu as développé une activité sur l’échange culturel. Comment t’en est venue l’idée?
L’idée de cette activité à germer 2015, quand j’étais résidente à Mexico. Je venais de finir mes 2 années de Master en Humanités (Art, Littérature, Histoire et Philosophie) et je termine l’écriture de ma thèse en philosophie. Elle parlait du nouveau temps du XXIème siècle: l’instantanéité – en quoi ce temps-ci était-il réel, éternel, la vraie communication et la recherche de la vérité?
Je suis curieuse et je pourrais être sur les bancs de l’école toute ma vie, aussi je suis retrouvée orpheline de ne plus recevoir un savoir de qualité chaque semaine par les professeurs passionnants. Parallèlement, j’avais déjà beaucoup réfléchi à notre façon de communiquer, parler et «mal» utiliser nos moindres instants… de ne pas savoir les transcender (les dangers de l’hyperconnexion: facebook, whastapp, etc.).
Nous avons déjà modifié la technologie, cette manière de pouvoir être connecté, notre accès à l’Autre; j’ai pensé à cette idée de moments qualitatifs, d’apprentissage, de transmission et de partage, mais toujours de manière conviviale (autour d’un verre! 🙂 – on a fait des choses qui nous ressemblent et) les contraintes de chacun – et moi la première! – et d’agenda chargé!
J’ai donc voulu répondre à ma propre attente pour pouvoir vivre, apprendre, souvent, de manière simple, conviviale et accessible.
Chloé, peux-tu décrire cette activité?
Nous sommes tous des curieux avides de se dire mais il est aussi difficile de mettre en avant la culture au premier plan, au vu d’un agenda bien chargé.
Alors, pour que la culture ne passe pas toujours au deuxième plan et devienne un «plus» dans notre vie, Cultcheers répondons à ces contraintes de temps, en proposant des sessions culturelles de 60 minutes dans un grand nombre de lieux de notre ville.
En effet, Cultcheers recrute des «talents» dans les domaines de la philosophie, de l’art, de la littérature, de l’histoire et des sciences et des relations avec les curieux via une plateforme web. Les sujets sont divers (on trouve la gastronomie, le sport, la sophrologie par exemple en sous-thèmes). Le talent reste le guide chargé de transmettre son savoir d’une conversation, d’une performance (pour les acteurs, les musiciens, les chanteurs) ou d’une dégustation (vins, bières et gastronomie).
Le “talent” engage les curieux à échanger en leur accordant au moins 20 minutes de discussion et de questions/réponses.
Le format se veut donc engageant et convivial. Cela se déroule à la maison du “talent” ou d’un curieux-hôte pour l’occasion. De 6 à 12 personnes, l’échange se fait autour d’un verre (café, thé, vin selon l’horaire).
Cultcheers propose donc un agenda culturel à notre porte : à 5 minutes de notre domicile, de l’école, de notre lieu de travail, de notre club de sport, Cultcheers offre une grande diversité de sujets, d’horaires, de lieux et de talents dans toutes les langues. Le curieux paie 10 euros pour un événement. Il y a des possibilités très avantageuses d’abonnement.
Le site web Beta ainsi que l’application Beta seront lancés en mai 2018 avant un lancement officiel (ouverture au grand public) du site et de l’application en septembre 2018.
Cultcheers a pour ambition de devenir le label de la culture de qualité à la maison, afin de renouer avec une tradition orale perdue, de mettre en valeur les talents anonymes et de recréer un lien transgénérationnel et de proximité.
Comment as-tu développé cette entreprise autour de rencontres alliant culture et convivialité?
Comme je l’ai dit, j’avais en tête le concept dès 2015. Afin d’affiner mon idée, j’avais alors suivi un diplôme de 4 mois dans une université mexicaine, intitulé : « Lancement de projets culturels ». J’avais alors développé – sur papier – une offre pour la ville de Mexico City, avec des ambitions internationales à terme, dans l’idée de la création d’un label, d’une marque référente dans la culture de qualité et accessible.
Peu après avoir fini mon diplôme, j’ai appris que nous partions 6 mois plus tard pour Amsterdam.
C’est pourquoi, après m’être investie les 3 premiers mois pour l’installation de ma famille, j’ai commencé fin janvier 2017 à me relancer dans ce projet, étant bien consciente que je n’avais plus du tout les mêmes facilités qu’à Mexico : plus de réseaux, plus de contacts professionnels, pas la maîtrise de la langue locale…
J’ai eu la grande chance de rencontrer très vite Lili, qui est devenue mon associée quelques mois après. Totalement complémentaires, notre rencontre était providentielle : elle est spécialisée dans le recrutement et la formation d’équipes culturelles et maîtrise l’art du « public speaking ». Partageant les mêmes valeurs et ayant une vision commune quant au projet, nous nous sommes lancées ensemble dans l’aventure et le challenge de créer notre label. La 1ère étape a été de se reconstruire un réseau, de rencontrer de multiples “talents” et acteurs dans le domaine culturel et de mieux définir notre produit.
Puis nous avons mené une série de 50 tests entre Amsterdam et l’étranger (de Hong-Kong à Boston, en passant par Paris, Mexico, Bangkok…) à titre de recrutement et d’étude marketing en live.
Grâce à ces tests, nous avons pris l’ampleur des attentes suscitées et du “momentum” à ne pas laisser passer. C’est pourquoi, nous sommes très réactives par rapport aux opportunités qui se présentent et avons agrandi l’équipe.
Après un statut de ZZP, nous aurons dans quelques jours un statut de BV, indispensable à notre activité. Nous allons en parallèle nous installer dans un espace de coworking pour accueillir notre nouvelle stagiaire.
Amsterdam est une ville qui réagit incroyablement vite et qui a une puissance de réseaux impressionnante, insoupçonnable depuis Mexico
Que retires-tu de ton expérience au niveau professionnel, insertion dans le pays, familial…?
Cette expérience professionnelle me permet de multiplier des rencontres ultra riches. Je suis, jour après jour, confrontée à cette force du réseau, du bouche à oreille, de l’obtention de contacts qualifiés car recommandés. Je vois un bel engagement de chaque personne rencontrée, que ce soit dans ses propres projets ou dans l’enthousiasme mis pour ceux des autres.
Je trouve l’énergie extrêmement positive et cela m’a permis également à titre personnel, de rencontrer des personnes pour lesquelles j’ai beaucoup d’affection et d’admiration.
Le fait de travailler dans un environnement épanouissant porte toute la famille et permet de se sentir bien dans un pays.
Comment t’organises-tu entre ton activité, ta vie personnelle et ta vie de “Mompreneuse?
C’est en effet intense toute la semaine et les week-end sont les bienvenus ☺
Ce n’est pas tous les jours facile mais j’ai trouvé de bonnes solutions pour faire garder mes enfants 4 jours par semaine jusqu’à 18h, ce qui me permet d’avoir des journées complètes de travail.
Entre afterschool de sport et babysitter, ils sont contents de leurs journées.
J’ai gardé mon mercredi avec eux.
Cette solution récente de pouvoir travailler librement et intensément 4 jours complets par semaine versus 2 jours l’année dernière m’a beaucoup apaisée et a créé moins de frustration. Je suis beaucoup plus disponible quand je récupère les enfants et ai plus de moments de qualité avec eux.
J’ai de plus un mari qui voyage pour son travail donc cela demande une vraie organisation. Préparation du lunch et du snack la veille pour chacun, “bakfiets” par tout temps, la semaine passe en courant. Mais plus pour moi que pour eux qui n’ont heureusement pas cette sensation de courir en permanence.
J’ai développé un super réseau de babysitter pouvant me sauver pour les RDV/soirées tombant en dehors des horaires de garde ou de l’agenda de mon mari.
Il est vrai que porter un projet à soi, où l’on met tout son cœur, prend beaucoup d’énergie et d’espace dans le cerveau. Donc j’essaie d’apprendre à déconnecter même si ce n’est pas toujours facile (le mercredi àpres-midi, je travaille à la moindre occasion…opportunité de la sieste, pendant le cours de violon…oups ☺)).