L’envie de monter un business dès sa vie étudiante, l’expatriation à été un révélateur
Bonjour Laetitia,
Tu vis à Lisbonne aujourd’hui où tu développes ton entreprise ; celle-ci est le fruit de
tes multiples voyages. Peux-tu nous en dire plus ?
Déjà, étudiante, j’avais envie de monter mon propre business à Bordeaux : un lieu d’expo,
une galerie où je voulais organiser des évènements éphémères… un peu en fait, un concept store avec des Pop-Up store mais c’était il y a plus de 20 ans donc cela n’existait pas encore trop comme concept 😉 – surtout à Bordeaux !
Mais avant de m’investir dans un tel projet – j’étais jeune et je n’avais encore rien vu ;-).
De Bordeaux, ma ville natale, je suis partie à Londres à 23 ans, après avoir tenté des études
d’Histoire de l’Art …, pour chercher l’inspiration, mais je ne suis jamais revenue en France !!
J’y ai enchainé les petits boulots – plutôt dans la mode que dans le monde l’Art comme
prévu. J’ai adoré vivre à Londres, l’ouverture d’esprit que cela m’a apporté et les rencontres
que j’ai eu la chance d’y faire.
En 2005, je suis partie vivre au Maroc à l’aube de mes 30 ans. J’y ai développé ma marque
et y ai fondé ma famille !
Comment est née l’idée des sacs Lalla et cette décision d’entreprendre à l’étranger ?
et pourquoi ce nom ?
L’idée du nom Lalla est arrivée très vite, et comme une évidence. « Lalla » qui veut dire
Madame en Dharija, le dialecte marocain, est aussi une marque de respect pour une grande
sœur, une maman ou une grand-mère en arabe…
Pour une marque fabriquée au Maroc, je cherchais un nom à consonance marocaine mais je
savais déjà que la marque devait pouvoir voyager … Lalla = Madame. Cela avait du sens.
J’ai une sœur ainée, on a grandi avec ma mère, femme divorcée, libre et indépendante.
J’aime le courage des femmes marocaines, des femmes en général d’ailleurs, et j’aime la
compagnie des femmes : mes amies sont toutes talentueuses, belles et fortes !! Toutes des
Lallas !!
Et aussi, j’aimais la sonorité du mot, très facile à prononcer dans toutes les langues.
Enfin, c’est un peu un client d’œil au début de mon prénom Laetitia… d’ailleurs on m’appelle
souvent Lalla 😉 et puis j’aime le mot visuellement, 2 lettres qui composent un nom…
A cause de notre compte Instagram @lallamarrakech , la marque est souvent renommée
LALLA MARRAKECH, mais la marque c’est LALLA ! Tout simplement.
Quelles ont été les étapes du développement de ton entreprise ?
Lalla est né entre Londres et Marrakech, l’inspiration du Vintage de « Portobello Market »
m’a emmenée à créer mes premiers sacs mais c’est à Marrakech que j’ai développé la
marque. J’y suis allée pour cela. Et non, l’inverse.
Tout d’abord, je tiens à préciser qu’il n’y a jamais eu de business plan ou de stratégie de
marque !!
Tout s’est enchainé assez rapidement après une semaine de vacances très inspirantes au
Maroc…
Très peu de temps après, cela a donné naissance à un stand au marché de « Portobello »
avec du Vintage Marocain ramené dans mes valises, et quelques semaines après, j’ai
commencé à faire fabriquer un premier prototype de trousse « bourse » en tissu de kaftan
aux motifs brocards très chargés, qui à peine montré à « Portobello », a été repéré par une acheteuse de Top Shop qui passait par là … La trousse ZWINA était née, notre premier bestseller.
Il a fallu trouver un nom (Lalla), monter une société (d’abord en Angleterre), faire fabriquer
cette trousse en grande quantité, donc retourner plus souvent au Maroc et se lancer dans
l’aventure – bon, tout ça semble facile mais cela a été une période pleine de doutes et de
passages à vide – financièrement mais pas que … « Est-ce que je me lance dans ça sans
expérience ? Au Maroc en plus ? Est-ce que j’arrête mon job à Londres ? Etc. etc.;;
Mais la marque était née, je ne pouvais pas reculer et une amie australienne rencontrée à
Londres, Margot s’est proposée en tant qu’agent de Lalla. Dans la foulée, très peu de temps
après TOPSHOP, Margot nous a vendu dans le monde entier dès la première saison. ! Les
premières commandes arrivaient une par une, nous avons eu d’entrée le Bon Marché, Paul
& Joe etc.… pour une première collection, c’était motivant !!
Quelques années plus tard, nous avons ouvert une boutique Lalla dans les souks de Marrakech, puis une deuxième boutique en face de la première : Lalla #thingswelove : une
sélection de choses que l’on aime : du Vintage mais aussi des bijoux, des livres et
accessoires d’autres marques.
L’équipe s’est agrandie, nous avons continué à en vendre dans le monde entier en même
temps que dans nos propres boutiques à Marrakech.
J’ai maintenant une associée, Ilham – qui est entrée chez Lalla en tant que vendeuse quand
nous avons ouvert notre première boutique il y a 15 ans … Ilham était étudiante, nous ne
nous sommes pas quittées depuis, et maintenant elle a la charge de … tout ! Notre équipe
compte maintenant une dizaine de personnes, sans compter une vingtaine d’artisans.
Notre Eshop n’est arrivé que récemment, il y a 3 ans.
Justement avec la création de ton E.Shop, quelle part prennent les réseaux sociaux
dans ton activité marchande ?
Instagram : C’est simple ! dans l’histoire de Lalla, il y a eu un avant et un après Instagram!
Instagram nous a fait grandir et nous a offert une visibilité à l’international. Instagram nous a
sauvé pendant les 2 ans de frontières fermées au Maroc pendant la crise du Covid… Ma pire angoisse serait que mon compte soit piraté… ! L’influence de nos post Insta sur nos ventes
e.shop aussi bien qu’en boutique est dingue. Et encore… encore une fois : nous gérons cela
sans stratégie aucune, sans community manager hyper pro et selon l’humeur… !!
Nous n’avons jamais payé pour de l’influence mais nous offrons des produits, nous
choisissons nos dotations influenceuses avec soin, pas forcément de gros comptes mais des communautés qui nous ressemblent…
Quel message aimerais-tu transmettre avec Lalla ?
Je n’ai pas la prétention de vouloir faire passer un message mais l’important selon moi c’est
de ne pas trop se prendre au sérieux, de mettre de la couleur dans sa vie, de s’entourer de
personnes positives et concernées… Dans notre vie privée autant que professionnelle.
Notre description de la marque en anglais : Lalla : Chic & Effortless bags made in
Marrakech.
En français, c’est moins « glam » 😉 mais j’aime l’idée du style décontracté et relax – et à la
fois joli et un tout petit peu étudié !
A chaque décennie, un pays..
Avec le succès de tes boutiques à Marrakech ou en ligne, comment t’es venue l’idée
de vivre à Lisbonne ?
Il y a 5 ans, nous sommes venus en vacances rendre visite à des amis qui venaient de
s’installer à Lisbonne. Nous avons tout de suite aimé l’ambiance relax et paisible de la ville, la proximité de la plage et des vagues (mon fiancé est un féru de surf) … quelques mois plus tard, nous débarquions pour une nouvelle vie et avec l’aide de nos amis déjà bien intégrés,
l’installation a été assez facile.
Je vis donc depuis 4 ans à Lisbonne avec mon chéri et nos deux enfants Anton, 13 ans et
India, 9 ans. Nous habitons un grand appartement un peu bordélique entre les planches de
surf de mon mec, ma collection de sacs Lalla ;-), les BDs de mon père, les objets souvenirs
ramenés de voyage et nos tapis marocains…, un appart très typique lisboète et resté dans
son jus entre Sao Bento et Principe Real.
Nous sommes en plein centre-ville mais dans une ambiance un peu village : petites rues
pavées, maisons aux façades colorées… avec la charmante Praca Flores pas loin, ses cafés
et restaurants et le magnifique parc Estrela de l’autre côté, Principe Real plus haut et son
marché bio le samedi matin … bref, tout à pied !
Qu’est-ce que tu préfères dans ton quotidien lisboète ?
Après 15 ans de vie au Maroc, j’aime le quotidien dans une ville européenne, le retour à une
vie plus facile (pratiquer du sport librement dans un parc, boire un verre de vin à une
terrasse de café, l’ambiance plus cosmopolite et l’accès à la Culture – musée, concerts,
festivals etc..).
J’apprécie aussi le côté safe du Portugal, étant parents d’un adolescent très autonome, cela
compte beaucoup pour nous.
A Lisbonne, j’aime habiter en centre-ville et me sentir comme dans un village, marcher
jusqu’à mon bureau, que les enfants rentrent à pied de l’école, j’aime mes voisins qui sont
tellement gentils et accueillants, j’aime la lumière, le climat et la proximité de la mer autant
que de la campagne. Il y a mille choses à faire au Portugal, plein d’endroits incroyables.
J’apprécie d’être dans une ville où il est facile de se retrouver entre amis car rien n’est loin.
J’aime être étrangère dans l’endroit d’où je vis, j’ai l&’impression d’être toujours en vacances !
Je n’aime pas être touriste en vacances, touriste dans sa propre ville c’est encore mieux !!