Une américaine à Marseille créé sa troisième start-up: histoire de Laura , co-fondatrice de la marque “Pourquoi Princesse”
Good Morning!
Laura, tu es une expat-preneure américaine installée en France, où vis-tu plus
précisément ?
Je vis à Marseille en France dans le quartier des Cinq Avenues au centre-ville, pas trop loin de Parc Longchamp. C’est un quartier assez divers avec plein de commerces, de restos, des bars
et des familles. Moi j’aime bien vivre au centre-ville car tout est accessible et je peux marcher pour faire mes courses et me retrouver au parc avec des amis après l’école.
Comment une américaine arrive-t-elle à Marseille ?
Mon compagnon et moi vivions en Afrique lorsque que nous avons appris que le père de mon compagnon avait un cancer. Après son décès, mon mari avait vraiment besoin d’être près de sa famille. Du coup, on a pris la décision de s’installer en France. On avait toujours l’intention de repartir après quelques années mais maintenant et deux enfants plus tard, je n’envisage pas
d’emménagement dans l’avenir.
Avais-tu déjà vécu à l’étranger auparavant ?
La première fois que j’ai vécu à l’étranger c’était pendant la « Fac » où j’ai passé un semestre au Mali en Afrique de l’ouest dans des petits villages chez une famille d’accueil.
Ce séjour a complètement changé ma vision du monde et m’a donné un réel appétit pour les voyages ! Après avoir travaillé 4 ans dans une boite de consulting aux États-Unis, j’ai quitté les USA en 2004 et j’ai travaillé au Mali en tant que bénévole pour un projet d’ONG. Après cette expérience, j’ai travaillé dans plus de 50 pays en Afrique, au Moyen Orient et en Asie, et j’ai vécu au Mali, à Madagascar, en RD Congo, au Ghana et au Kenya avant de m’installer en France.
Tu avais une expérience de salariée de start-up, donc comment l’idée de tenter l’aventure
de l’entrepreneuriat en expatriation s’est-elle présentée ?
La première startup, un ami m’a proposé de le joindre dans une startup tech et j’étais ravie !
Dans la deuxième startup Esoko, une plateforme qui permet aux entreprises de récolter des informations sur le terrain du dernier kilomètre en Afrique, un de nos « angels » investisseurs
m’a mis en contact avec le fondateur et on a décidé de collaborer. En France, j’ai fait un Executive MBA à Kedge Business School et mon mémoire était sur Pourquoi Princesse.
Comme c’était compliqué de trouver un CDI je me suis lancée dans le projet ! « Pourquoi
Princesse » est donc ma troisième startup.
La mode enfantine pour faire passer le message d’égalité
Tu as choisi de lancer une marque de vêtements d’enfants alors qu’ils en existent déjà
beaucoup, quelle est sa spécificité ? Pourquoi ce nom ?
« Pourquoi une fille serait-elle une princesse et pas autre chose ? » Cette question a germé dans mon esprit au cours de ma première grossesse, en 2014. Lorsque mon mari a appris que
nous attendions une fille, il m’a dit : « Je veux qu’elle soit capable de devenir tout ce qu’elle veut, qu’elle ne se limite pas à être une princesse ». A l’époque, nous nous sommes penchés sur la question du sexisme et sommes devenus des passionnés d’égalité. En tant
qu’entrepreneurs, on savait qu’on voulait lancer un projet autour de l’égalité mais on ne savait pas quoi faire.
Avec mon mari, on a décidé de mettre en place une éducation égalitaire à la maison : voitures, poupées et fusées sont disponibles, sans aucune question de genre. Mais à la naissance de mon fils, je me suis rendu compte que les clichés ne s’arrêtent pas au rayon jouets. Le contraste entre le rayon vêtements filles et le rayon vêtements garçons m’a frappé. C’est du rose et des licornes pour les filles et des fusées pour les garçons. Et c’est à ce moment-là que
ma fille, Camille, a souhaité avoir une robe avec des voitures de course. Après de longues recherches, impossible de la trouver et Camille, ma fille, a tiré la conclusion que, « les voitures
ne sont pas pour les filles.».
Quels sont les principes qui animent ta démarche d’expat-preneure ?
J’avais envie de travailler sur un projet qui a du sens, d’améliorer le monde des futures générations même si c’est sur mon petit créneau. Pour moi, un projet entrepreneurial est
beaucoup plus que gagner de l’argent. Chez « Pourquoi Princesse », nous sommes une
entreprise avec une mission et de vraies valeurs sociales. L’objectif est de démystifier les
stéréotypes de genres pour les enfants et les parents et de militer pour l’égalité filles-garçons. Plus qu’une marque, nous accompagnons les parents à mettre en place une éducation égalitaire à la maison.
Tu as mis en œuvre des méthodes de création d’entreprise innovantes, peux-tu nous en parler ?
Pendant la première année, j’ai fait une étude de marché où j’ai interviewé plus de 150 parents et 50 enfants pour comprendre ce dont ils avaient besoin et puis j’ai rédigé un business plan.
Parallèlement, j’ai aussi mis en place une méthodologie de « lean startup » (manière
d’entreprendre basée sur des itérations) et de « design thinking » (méthode d’innovation permettant de faire coïncider désidérabilité des utilisateurs, faisabilité technique, et viabilité
économique) où on a testé quels produits marchaient le mieux tout en construisant notre communauté sur les réseaux sociaux et avec une newsletter. Pour nous, c’était primordial de coconstruire les produits avec notre communauté avant de les lancer. En mars 2020, on avait
l’intention de lancer une campagne de crowdfunding pour financer notre première production de robes à motifs de dinosaures et d’espace mais avec la pandémie de covid, on a été obligé de reporter cette campagne jusqu’au mois de novembre 2020. La campagne de crowdfunding nous a donné un vrai coup de pouce et on a été ravies d’avoir dépassé notre objectif de 300%.
Quelles difficultés as-tu rencontrées ?
Nous avons fait plein d’erreurs dans nos démarches comme toute « start-upeuse ». Ce que je suggère est de faire une étude de marché et un modèle financier solide avant de démarrer et puis tester et coconstruire ses produits avec sa communauté. La construction de la
communauté est au cœur de tout ce que vous faites !
Quelle est la part des réseaux sociaux dans ton activité ?
Les réseaux sociaux sont assez importants pour nous car ils sont la base de l’animation notre communauté. Donc, c’est clair que c’est une part assez importante même si se mettre en avant dans une autre langue et une autre culture n’est pas toujours évident. J’essaie de faire au mieux.
Et puis mon montra : “croquez la vie à pleine dents.”